Mohamed Zouhir met en scène une version de la pièce Al Harraz d'Abdeslam Chraïbi qui sera représentée le vendredi 11 février à 20 heures au Théâtre national Mohammed V. Il explique son approche. ALM : Comment est née l'idée de mettre en scène Al Harraz ? Mohamed Zouhir : C'est une idée qui m'a toujours trituré. Après avoir adapté des œuvres du répertoire universel, notamment d'auteurs comme Brecht, Molière, Garcia Lorca, je voulais absolument revisiter cette pièce culte du répertoire marocain. Par la même, cela répondait aussi au désir du théâtre Mohammed V d'explorer le patrimoine marocain. Il faut dire que j'ai aussi longtemps travaillé avec Tayeb Seddiki. Inspiré d'Abdeslam Chraïbi qui a capturé le devenir-théâtre de cette œuvre du malhoun et composé, Tayeb Seddiki avait offert une version légendaire de cette pièce. Ceci a ouvert la voie à des troupes comme Nass El Ghiwane, Lemchahab, Jil Jilala qui avaient remis au goût du jour le patrimoine du malhoun et la langue vernaculaire, la darija. J'ai fréquenté et suivi le parcours de ces artistes de près vu que c'était mes amis et que je suis originaire de Hay Mohammadi. Donc tout cela m'a fait aimé Al Harraz. Quelle approche avez-vous privilégiée dans la mise en scène de cette pièce ? Maintenant, j'estime que j'ai acquis une petite maturité pour commencer, après avoir comme les portraitistes, fait l'expérience des classiques, un travail sur notre répertoire pour en dégager les spécificités. Puisque le malhoun est une matrice du théâtre, j'ai donc essayé plus ou moins d'allier entre une approche classique et une approche moderne. Dans ce sens, j'ai introduit de la danse contemporaine, une musique actuelle, notamment du rap, du malhoun gnaoui, une sorte de fusion. J'ai aussi travaillé avec des artistes de diverses générations, des comédiens qui ont évolué dans les années 80 ainsi que des jeunes issus de l'Institut supérieur d' art dramatique et d'animation culturelle de Rabat (Isadac). Dans quelle mesure les thèmes sont toujours d'actualité ? Les thèmes d'Al Harraz sont toujours d'actualité. Al Harraz met en scène un homme puissant qui quitte son Arabie en quête d'amour. A Azemmour, on lui fait «don» de la belle et gracieuse «Aouicha» qu'il séquestre. Mahmoud, le fiancé de Aouicha, va déployer toutes sortes de stratagèmes pour déjouer la vigilance d'Al Harraz et récupérer sa bien-aimée. Dans cette pièce j'essaye de montrer comment le marocain vit aujourd'hui, Qu'est-ce qui l'a poussé à faire ce don. Mais il est surtout question de l'amour et du désir mimétique, «rivalitaire», de deux hommes pour une même femme. Dans quelle mesure l'amour peut nous sauver, et peut devenir politique puisqu'il y a construction autour. L'équipe d'Al Harraz Mise en scène : Mohamed Zouhir Scénographie : Tayeb Saddiki Décors : Abdessamad Kaoukabi Costumes : Maria Saddiki Comédiens : My Tahar El Asbahani, Abdellah Didane, Jalila Talemsi, Imane Reghaye, Mostapha EL Houari, Jamal Nouamane, Rabii Tadlaoui, Abdou Benyoui, Adil Abatourab et Mohamed Zouhir.