Bachir Dkhil affirme que le Maroc a fait d'énormes concessions en acceptant de négocier avec le Polisario. ALM : Le Maroc a participé au dernier round de négociations avec la volonté de parvenir à une solution réaliste et définitive au conflit. Quelle analyse faites-vous de ce constat? Bachir Dkhil : Je pense que le fait que le Maroc accepte de s'asseoir au tour de table des négociations avec le Polisario prouve que le Royaume veut vraiment aller de l'avant dans le processus de négociations. Le Maroc a fait d'énormes concessions en acceptant de négocier avec ce groupe armé qui ne représente nullement l'ensemble des Sahraouis. Il existe bien des Sahraouis au Maroc et même à Tindouf qui ne partagent pas la même position que le Polisario. Ceci dit, le seul souci du Maroc est de parvenir à une solution pour mettre fin au calvaire des séquestrés dans les camps de la honte. Pour preuve, le Maroc a renoncé au référendum de confirmation, comme il a renoncé à l'idée de la jonction pure et simple du Sahara au Maroc, en présentant la proposition d'autonomie. Le Maroc ne peut pas aller plus loin. Êtes-vous optimiste quant à l'issue du cinquième round des négociations ? Je pense que ces négociations ne vont déboucher, à l'heure actuelle, sur aucun développement substantiel. Il n'est plus un secret que le fait que le Polisario ne détient nullement le pouvoir de décision. Ce groupe armé est, depuis le déclenchement du conflit, sous tutelle de l'Algérie. Il ne peut de ce fait mettre en valeur son point de vue, il est hors jeu. Maintenant, si le Polisario participe aux négociations c'est juste pour montrer à la communauté internationale qu'il respecte les décisions de l'ONU. Comment voyez-vous l'avenir du projet d'autonomie ? Le projet d'autonomie est la seule solution réaliste. Il s'agit d'une solution qui est conforme aux exigences du contexte international actuel. Car elle s'inscrit dans le cadre de l'objectif de la réforme de l'Etat marocain vers plus de démocratisation. Partout à travers le monde, tous les Etats qui ont fait des progrès sur tous les niveaux avaient mis en place des systèmes de régionalisation et d'autonomie régionale. Car, au sein du même Etat, il existe des spécificités économiques, sociales et culturelles propres à chaque région. Le projet d'autonomie permet de mettre en valeur ces spécificités et de promouvoir le développement.