Depuis qu'il a vu le jour, le Parti Authenticité et Modernité (PAM) est au centre de la polémique et crée l'événement à plusieurs reprises. Indiscutablement, le Parti Authenticité et Modernité (PAM) est celui qui a le plus marqué le champ partisan marocain durant les dix dernières années. Ayant vu le jour, le 7 août 2008, à l'initiative de l'ancien ministre délégué à l'Intérieur, Fouad Ali El Himma, le PAM est une formation politique pas comme les autres. Certes, l'ouverture politique qu'a connue le Maroc, depuis l'intronisation de SM le Roi Mohammed VI, a favorisé la création de plusieurs formations politiques, plus ou moins agissantes, mais la naissance du PAM a réellement bouleversé la scène politique. Il s'agit d'un phénomène à part entière. Le parcours effectué par ce parti, dirigé actuellement par Mohamed Cheikh Biadillah, en moins de deux ans, ne laisse pas indifférent. Certains observateurs et politiques préfèrent l'appeler le «parti des transhumants», d'autres «le nouveau parti de l'administration», le «nouveau venu», ou le «parti du Tracteur», quoi que ces diverses appellations rendent compte d'une seule et unique réalité: le PAM a su et pu se faire une place dans le paysage politique marocain en un temps record. Certes, certains ont accueilli ce nouveau parti à bras ouverts, mais d'autres ont vu son arrivée d'un mauvais œil. Cela n'a rien d'étonnant, étant donné que le PAM, de l'aveu de ses dirigeants, est venu avec une nouvelle manière de faire la politique. En effet, depuis sa création, le PAM, issu du «Mouvement pour tous les démocrates», a affirmé qu'il est porteur d'un projet sociétal moderniste. Le parti s'est dit contre le phénomène de la balkanisation de la scène politique et pour l'émergence de nouvelles élites politiques à même de rompre avec les pratiques d'une période révolue de l'histoire du Maroc contemporain. Depuis qu'il a vu le jour, le PAM a été au centre de la polémique et a créé l'événement à plusieurs reprises. A commencer par le phénomène du nomadisme politique. Au lendemain des élections législatives du 7 septembre 2007, le groupe parlementaire indépendant «Authenticité et Modernité» ne comptait que trois députés, à savoir Fouad Ali El Himma, Hamid Narjiss et Fatiha Layadi. Trois ans après, le PAM va se retrouver avec 129 parlementaires, 55 députés au niveau de la Chambre des représentants et 74 conseillers à la deuxième Chambre. Le constat est sans appel. En effet, plusieurs partis politiques, qui ont vu leurs cadres rejoindre le PAM, faute de discours moderne et de structures internes bien soudées, ont tiré à boulets rouges sur ce parti. La tension a atteint son apogée à l'occasion des élections communales de 2009. Les formations, qui se voyaient incapables de retenir leurs cadres, ont eu recours à la justice. Elles ont appelé haut et fort à la stricte application des dispositions du célèbre article 5 de la loi sur les partis politiques interdisant la transhumance politique. Une grande polémique s'en est suivie. Des poursuites judiciaires ont eu lieu. Et le département de l'Intérieur, en la personne de l'ex-ministre Chakib Benmoussa, a dû mettre la main à la pâte. Toutefois, nul n'était en mesure de ralentir la vitesse du Tracteur. Depuis lors, les grandes formations politiques de la place ont compris qu'elles avaient affaire à un parti fort et qu'il n'était plus de leur intérêt de s'opposer à lui. «Le PAM finit toujours par obtenir tout ce qu'il veut», c'est ainsi qu'un observateur averti de la scène politique nationale a commenté les exploits du PAM. Certes, ce parti n'avait mis en place ses structures dirigeantes qu'en février 2009, à l'occasion de son congrès national, c'est-à-dire à quatre mois seulement des élections locales, mais il a réussi, quand même, à remporter toutes les échéances électorales ayant eu lieu au lendemain de sa création. Laissons les chiffres parler d'eux-mêmes. Le PAM est arrivé en tête des élections communales avec 6.015 sièges. Le parti assure, depuis lors, la présidence de 369 communes urbaines et rurales. Le PAM est arrivé, aussi, au deuxième rang lors des élections provinciales et préfectorales après l'Istiqlal avec 325 sièges et préside actuellement 23 conseils. Le parti dirigé par Mohamed Cheikh Biadillah a également remporté les élections régionales avec 212 sièges et préside actuellement six conseils sur les seize existants. Lors des élections des Chambres professionnelles, le parti est également arrivé en tête avec 392 sièges. Grâce à cet exploit, le parti préside 21 Chambres. Et il a fini par l'obtention de 22 sièges, première place, lors des élections de renouvellement du tiers de la Chambre des conseillers. Un véritable raz-de-marée électoral sans précédant. En outre, toutes ces réalisations impressionnantes ont été couronnées par l'élection de Mohamed Cheikh Biadillah président de la deuxième Chambre. Durant son court parcours, le PAM a soutenu le gouvernement Abbas El Fassi, dans un premier temps, et y a été même représenté par le truchement du ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur, de la Formation des cadres et de la Recherche scientifique, Ahmed Akhchichine, avant de changer de camp vers l'opposition, la veille des élections communales de 2009. Dans le cadre de ce nouveau positionnement, le PAM s'est retrouvé face-à-face avec son rival traditionnel, le Parti de la justice et du développement (PJD). Les duels PAM-PJD se sont succédés et ont fortement animé la vie partisane que ce soit au sein du Parlement ou ailleurs. Le PAM s'était livré également à un bras de fer avec le ministère de l'Intérieur, à l'époque des élections communales, au sujet des transhumants. Plus récemment, c'était au tour du parti de l'Istiqlal de se quereller avec le PAM. Les accusations croisées entre les deux formations sur le fond des incidents sanglants de Laâyoune du 8 novembre, ont donné un avant goût d'une compétition acharnée en perspective des élections législatives de 2012. Dans le cadre des préparatifs de ces élections, le PAM a jeté les jalons d'un pôle de droite bien garni avec le RNI, l'UC et probablement le MP. La première décennie du 21ème siècle a bien souri au PAM. La deuxième commence par une date cruciale celle des législatives de 2012. A considérer le rythme actuel d'évolution du PAM, un raz-de-marée lors des élections des membres de la Chambre des représentants est fortement envisageable. Le PAM premier ministrable? L'avenir nous le dira.