C'est une petite affaire devenue grande par la mauvaise gestion qui l'a caractérisée depuis le début. Le dossier de l'augmentation du pain, disons le tout de go, a donné lieu à un bras de fer inutile qui dure depuis près de 5 mois entre le Syndicat des boulangers et la Primature sans parvenir à un terrain d'entente. C'est une petite affaire devenue grande par la mauvaise gestion qui l'a caractérisée depuis le début. Le dossier de l'augmentation du pain, disons le tout de go, a donné lieu à un bras de fer inutile qui dure depuis près de 5 mois entre le Syndicat des boulangers et la Primature sans parvenir à un terrain d'entente. Deux grèves lancées par cette corporation n'ont pas suffi pour faire aboutir ses revendications de relever le prix de la baguette (actuellement de 1,10 dirhams) de 30 centimes en trois étapes. Revendication du reste légitime au regard de la hausse au fil des ans des facteurs de production (eau, électricité, levure…) qui a cependant rencontré les réticences du gouvernement. Dans un premier temps, celui-ci a demandé à ses interlocuteurs de laisser passer le ramadan pour appliquer la hausse. Engagement non tenu. Protestation des intéressés. Voilà que le même gouvernement sollicite un second délai, attendre l'après-Aid El Kébir pour procéder à l'augmentation qui devait entrer en vigueur vendredi 23 janvier. C'est que Driss Jettou a jugé “inopportun“ le relèvement du prix de pain à l'approche de chacune de ces deux occasions. Le feuilleton continue. Franchement, on a du mal à comprendre la frilosité de Driss Jettou. Tout se passe comme si dans son esprit ces deux fêtes connaissaient une orgie de farine à l'échelle nationale qui interdirait de toucher le prix de la baguette et de la galette. Force est de constater qu'il y a quelque chose de dégradant pour les Marocains à raisonner de la sorte. L'existence et l'avenir de tout un peuple sont-ils fondés sur le pain ? Cet excès de prudence se justifie-t-il par le coût politique supposé très lourd étant donné que l'augmentation intempestive du prix de pain en 1981 avait provoqué des émeutes sanglantes à Casablanca ? N'y a-t-il pas là une méconnaissance des réalités compte tenu de l'évolution du contexte national marqué par un renchérissement global du coût de la vie qui n'a pas ému outre mesure les gouvernements qui se sont succédé ? Le pouvoir d'achat du grand nombre, qui n'a cessé de s'éroder au fil du temps, a besoin d'être valorisé par une autre politique qui n'a rien à voir avec la hausse du prix du pain de 10 ou 30 centimes. C'est un faux problème que tout cela. En fait, c'est une histoire de deux sous où tout le monde a été roulé dans la farine sur fond de contradictions et de cafouillage. Après avoir été sur la même longueur d'onde que le Premier ministre, Abderazzak El Mossadeq s'est démarqué de son chef en affirmant, mercredi 21 janvier, devant les députés que l'Administration n'a pas de “référentiel juridique“ qui l'autorise à fixer le prix du pain de la discorde dont la consommation nationale représente 5 à 6% selon M. El Mossadeq . Et puis, la farine de luxe qui permet sa fabrication n'est pas subventionnée par l'État. Alors pourquoi le Premier ministre est-il revenu à la charge pour bloquer la revendication des boulangers allant même jusqu'à faire intervenir le ministre de l'Intérieur dans cette affaire très mal gérée ?