La fille du général Oufkir a été condamnée à trois ans de prison avec sursis pour escroquerie par le tribunal correctionnel de Paris. Le tribunal correctionnel de Paris a condamné jeudi soir à trois ans d'emprisonnement avec sursis pour escroquerie Maria Oufkir, l'une des filles du général marocain Mohamed Oufkir, «suicidé» en 1972 après une tentative de coup d'Etat contre le Roi du Maroc Hassan II. Entre 2003 et 2004, Maria Oufkir, aujourd'hui âgée de 48 ans, se faisait passer pour avocate auprès de personnes en situation irrégulière et leur promettait, moyennant généralement 5.000 euros, de leur obtenir des papiers grâce à ses relations avec un responsable du bureau des étrangers à la préfecture de police de Paris. Les victimes, dont six étaient présentes jeudi devant la 12e chambre du tribunal correctionnel, sont principalement philippines. Sur la vingtaine de personnes qui ont eu recours aux services de Maria Oufkir, onze se sont constituées parties civiles. Incarcérée depuis janvier à la suite d'une condamnation à un an d'emprisonnement, également pour escroquerie, Maria Oufkir a fait jeudi une brève apparition en début d'audience avant d'être transférée aux urgences médico-judiciaires. Elle est revenue au tribunal en fin de journée, les médecins ayant jugé son état -elle aurait ingéré des calmants- compatible avec une comparution. «Je ne suis pas la personne qu'on décrit», a-t-elle déclaré à l'audience. Les plaignantes ont expliqué à la barre que Maria Oufkir les accompagnait parfois à la préfecture de police pour l'obtention de leur carte de séjour. «Elle m'a demandé 5.000 euros. C'est une somme énorme. Je voulais téléphoner à un ami mais elle m'a répondu “c'est maintenant ou jamais”», a déclaré l'une des victimes par le truchement d'un interprète. Le ministère public a précisé dans ses réquisitions que Maria Oufkir se prévalait auprès des victimes, «en situation d'extrême précarité», de ses relations avec des ministres, dont Nicolas Sarkozy ou Jean-Louis Borloo. Caractérisant les «faits d'une exceptionnelle gravité», le parquet avait requis trois ans d'emprisonnement dont au moins deux ferme. Prenant en compte le «passé» de Maria Oufkir, le tribunal a préféré la condamner à trois ans d'emprisonnement avec sursis et mise à l'épreuve et obligation de rembourser les victimes à hauteur de 56.350 euros. Après l'échec du coup d'Etat fomenté par Mohamed Oufkir, sa famille a été détenue à partir de 1975 dans un bagne du Sahara. «Toute sa famille a vécu dans un trou. Je sais qu'elle sait parler aux rats et aux araignées», avait plaidé son avocat, Me Sylvain Maier, estimant que sa cliente, si elle souffrait de problèmes psychologiques, n'avait commis aucune escroquerie. En janvier, Mme Oufkir a été renvoyée devant le tribunal correctionnel de Paris dans une autre affaire d'escroquerie, a-t-on indiqué vendredi de source judiciaire. Pierre-Antoine Souchard (AP)