L'hymen, cette petite membrane sans intérêt physiologique suscite, bien des débats, des interrogations et des inquiétudes. La virginité féminine n'est considérée valide que par un critère anatomique : la présence de l'hymen. Cette petite membrane ferme partiellement l'ouverture du vagin et sépare la cavité de ce dernier de la vulve. En d'autres termes, il s'agit d'un petit bout de peau qui comporte un petit trou par lequel coulent les règles. Si beaucoup de femmes ont la chance d'avoir un hymen, d'autres n'en ont pas. Certaines peuvent avoir une pénétration sans que l'hymen soit déchiré, d'autres ont des hymens épais. Dans ce cas précis, le gynécologue doit briser l'hymen pour éviter une douleur trop importante à la femme pendant l'acte sexuel. «L'une de mes patientes qui avait ce type d'hymen est venue un jour avec sa famille pour une intervention chirurgicale. Avant d'entrer au bloc opératoire, la famille de la jeune mariée m'a donné un bout de tissu afin de le couvrir de sang lors de l'opération. Très conservateurs, les parents de la jeune fille tenaient absolument à montrer le tissu à la famille du mari», raconte Pr Chafik Chraïbi, gynécologue et président de l'Association de lutte contre l'avortement clandestin (AMLAC). Parmi les différents types d'hymen (voir encadré), l'hymen complaisant attire une attention particulière. «Il s'agit en fait d'une variante anatomique. Les femmes ayant ce genre d'hymen peuvent avoir une pénétration sans même que l'hymen ne soit déchiré.Par comparaison aux autres hymens, ils sont plus souples, plus larges», explique Pr Chraïbi. Et de poursuivre: «l'examen de la virginité est loin d'être une opération facile surtout dans le cas de l'hymen complaisant où le trou est très large et il n'y a pas de déchirures». Ils sont nombreux à croire que la pénétration du doigt dans le vagin peut causer la déchirure de l'hymen. Ce qui est faux. «L'introduction d'un doigt ou d'un spéculum de la vierge dans le vagin ne déflore pas pour autant la jeune femme», précise-t-il. Concernant les cas où la petite membrane peut être déchirée, le Pr Chraïbi est très clair à ce sujet. «Beaucoup de Marocains s'accordent à croire que la fille peut perdre sa virginité en tombant ou en faisant de l'équitation. Ce qui n'est pas vrai. Il faut que la fille tombe sur un objet pointu qui entre dans son vagin, pour qu'elle soit déflorée. J'ai eu des cas de petites filles âgées de 7 à 8 ans qui lorsqu'elles jouaient ont inséré un petit jouet dans leur vagin. Il a fallu recourir à l'intervention chirurgicale pour les enlever. Mais le cas le plus choquant que j'ai rencontré est celui d'une femme qui est venue me voir dans un état pitoyable. Au cours de la nuit de noces, son mari l'a sauvagement déchiquetée. Il ne l'a pénétrée ni par devant ni par derrière mais au milieu. Il lui a disséqué la partie ano vulvaire», déclare-t-il. Tout prétendant au mariage s'attend au fameux saignement lors de la nuit de noces. La femme se retrouve alors confrontée à préserver l'hymen qui saignera à point lors du grand jour. Et pour cela, tous les moyens sont bons. La réfection ou l'hymenoplastie qui consiste à réparer chirurgicalement l'hymen est la plus connue. «Au début, j'étais contre ce genre de pratique dans la mesure où c'est une vie conjugale qui est basée sur le mensonge. Par la suite, j'ai totalement changé d'avis à ce sujet. Durant leur vie, les hommes entretiennent des rapports sexuels avec plusieurs femmes avant de se décider à épouser une vierge. C'est la raison pour laquelle j'accepte le fait que des médecins pratiquent ce genre d'opérations. Quant au montant, celui-ci oscille entre 2.000 et 10.000 DH, tout dépend du médecin», affirme Pr Chraïbi. Il existe d'autres moyens, en l'occurrence l'hymen chinois qui fait des ravages dans notre pays. «Il est très en vogue et ne coûte que 300 DH. On peut le trouver dans certains quartiers casablancais tel que Derb Omar.Jusqu'à ce jour, nous n'avons reçu aucune complication infectieuses suite à l'utilisation de cet hymen», conclut-il. Pour sa part, l'Association marocaine de protection et d'orientation des consommateurs estime que «il est bizarre que le Conseil des ouléma de Rabat ait émis une fatwa pour interdire l'hymen chinois mais ne s'est jamais exprimé sur l'hymnoplastie alors que la tricherie est la même. Pourtant Abdelbari Zemzmi a une position différente de celle du Conseil des ouléma et va jusqu'à autoriser l'hymen chinois pour sauver le mariage». Hymen chinois : Se refaire une virginité à 300 DH Plus besoin de réfection de l'hymen, les Chinois proposent un hymen artificiel pour 300 DH. Il s'agit d'une petite poche de quelques centimètres de large contenant du liquide rouge. La poche est à placer à l'intérieur du vagin,vingt minutes avant le rapport sexuel. Sous l'effet de la chaleur corporelle, la membrane se dilate et, lors de la pénétration, le liquide rouge se répand, imitant la rupture de l'hymen et tachant de quelques gouttes les draps. Ajoutez quelques gémissements et le tour est joué. A noter que cet objet, créé en 1993 au Japon et commercialisé dans le monde entier, a déjà ses adeptes dans les pays arabes notamment au Maroc.