Mohamed était attablé dans un café de la région d'Aïn Aïcha, province de Taounate, quand Lahcen l'a rejoint. Après une brève conversation, ils ont quitté le café vers un terrain vague, désert et obscur… Et l'irréparable s'est produit. C'était le dimanche 28 février. Mohamed n'était qu'à son seizième printemps. Et pourtant, il s'attablait, à 23 h, dans un café situé non loin du souk hebdomadaire, d'Had Aïn Aïcha, à Taounate. En fait, Mohamed demeure dans la région d'Ouled Azam, qui est éloignée de quelques kilomètres d'Aïn Aïcha. Certes, les jeunes de tous les environs profitent de ce jour du souk hebdomadaire pour prendre un café ensemble et converser jusqu'à une heure tardive. Mais, Mohamed, à son âge, devait rentrer chez lui à ce moment. Or, il semble que ce n'était pas la première fois qu'il rentrait tard chez lui. La preuve ? Ses parents ne s'inquiétaient pas de son absence. Mohamed sirotait son verre de thé à la menthe quand, tout d'un coup, un jeune homme est venu le rejoindre. Le connaissait-il ? Non. Mais, il y en avait au café ceux qui le connaissent. Il se nomme Lahcen, âgé de vingt-huit ans, repris de justice pour coups et blessures, menace à l'arme blanche, trafic de drogue, vol qualifié, et demeure non loin des lieux au douar Laâdadma, caïdat Aïn Aïcha. Lahcen a engagé une conversation avec Mohamed. Celui-ci souriait. Les clients n'étaient pas au courant de ce qui se passait entre les deux parce qu'ils chuchotaient. Soudain, quelques clients ont remarqué Lahcen qui s'est levé pour faire une grimace à Mohamed. Celui-ci s'est levé également. Après avoir payé les consommations, Lahcen a quitté le café. Mohamed l'a suivi comme son ombre. Lahcen a mis en marche son vélomoteur qui était garé juste à côté du café. Mohamed s'est mis derrière lui. Et Lahcen a démarré. Vers quelle destination ? Mohamed ne savait pas exactement. Il lui avait demandé de faire un tour, ni plus, ni moins. Quelques minutes plus tard, Lahcen s'est arrêté. Il a demandé à Mohamed de descendre. Pourquoi ? Lahcen lui a ordonné de ne plus poser de questions. Mohamed l'a supplié de le conduire au café. En vain. Le lieu était désert. Seule l'obscurité y régnait. Soudain, Lahcen a fait sortir un couteau de sa poche. Écarquillant les yeux, Mohamed ne savait ni quoi faire, ni à quel saint se vouer. «Enlève ton pantalon», lui a ordonné Lahcen sur un ton sévère. Mohamed a gardé le silence. Parce qu'il n'a pas encore cru ses oreilles. Lahcen lui a demandé une fois encore de se mettre à poil. «Ou je te tue», l'a-t-il menacé. Mohamed a baissé son pantalon. Et il l'a laissé faire. Une première fois, deux et trois. Entre chaque acte, Lahcen le menaçait de le tuer s'il tente de s'enfuir. Quand il a terminé définitivement, vers minuit et demie, il lui a demandé de partir seul. Mohamed n'est pas retourné chez lui. Il s'est rendu aussitôt au poste de la Gendarmerie royale d'Aïn Aïcha. Cinq éléments l'ont accompagné vers la scène du crime. Lahcen y était encore en train de fumer une cigarette. Il a manifesté une résistance féroce en brandissant son arme blanche. Mais les fins limiers de la Gendarmerie royale l'ont immobilisé et l'ont conduit au poste. Ils l'ont soumis aux interrogatoires. Il a avoué avoir violé Mohamed. Le lendemain, Mohamed a été examiné par un médecin à l'hôpital provincial de la ville. Il lui a délivré un certificat médical attestant qu'il avait été sodomisé violemment. Le mardi 2 mars, matin, Lahcen a été traduit devant le parquet général près la Cour d'appel de Fès. Il a été gardé en détention provisoire jusqu'à l'examen de son affaire par la Chambre criminelle.