Abderrahmane Ouardane exposera ses dernières œuvres du 4 au 24 février à la galerie Venise Cadre de Casablanca. Il parle de ses dernières collections ainsi que de son livre consacré à son parcours. ALM : Que présentez-vous dans votre dernière exposition intitulée «Traces de lumières et griffes d'ombres» ? Abderrahmane Ouardane : La collection que j'accrocherai à la galerie Venise Cadre de Casablanca présente un concept nouveau dans ma démarche. C'est une approche nouvelle. C'est l'aboutissement de mes investigations théoriques durant ces dernières années dans la sphère du signe et de sa relation avec le sacré et le spirituel. J'ai déjà exposé ce concept à Monaco et à Nice et il est déjà programmé pour le 14 mars 2010 à Paris avant d'aller à Montréal. L'approche intensifie la simplification des couleurs. L'événement nouveau c'est le rôle réservé à l'opposition ombres-lumières pour exprimer avec beaucoup plus de force la notion de dualité. C'est ma tentation de traduire tout ce que je résume face à toutes les contradictions que nous vivons chaque moment, jour et nuit. C'est pourquoi, dans beaucoup de mes œuvres, je me surprends plonger dans les ténèbres sombres de la terre noire pour m'en extraire subitement et retrouver l'éclaboussante lumière du soleil. Quel message voulez-vous transmettre à travers ces œuvres ? L'idée c'est de mettre en évidence à travers cette exposition, à quel point, nous les artistes, nous cherchons des significations élevées dans un espace et une ère marqués par l'égarement, par le matérialisme et par la détresse. Je veux montrer également qu'il existe, derrière les sentiments des hommes et des femmes, derrière toutes les pensées qu'on peut avoir, et derrière tous les efforts pour comprendre le monde, toujours la dualité. Vous êtes surnommé le peintre de la femme. Que représente pour vous la femme ? Je l'ai toujours répété, le Maroc se fera ou ne se fera pas par la femme. J'ai du sang berbère dans les veines. Vous savez, depuis toujours, la femme a occupé un rang privilégié dans la culture berbère. Elle est toujours vénérée, naguère tatouée du signe de sa tribu, la femme en est l'emblème et la fierté. Nous l'avons toujours comparée au pilier central de la tente familiale. La femme présente dans les contes, préférée dans les proverbes et charmée dans les poèmes. Et toutes les occasions sont bonnes pour chanter la femme qu'il s'agisse de pluie, de moisson, de mariage, de construction d'une maison ou d'une simple cuisson de pain. J'aime la femme et comme mes aïeux, je ne lui prête que de beaux attributs. J'appelle la femme gazelle, colombe, étoile, soleil, fleur, ou tout simplement «zina», belle. Qu'en est-il de votre dernier livre ? Il est vrai que l'édition de ce livre m'honore beaucoup et constitue un évènement fort dans mon parcours artistique. Cela représente pour moi un témoignage à signification très forte d'autant plus qu'il porte la signature d'auteurs et critiques d'art de talent et de l'envergure des plumes telles que Anne-Marie des Fleurs ou André Robert Kass. Le livre est une conjugaison de regards et d'impressions qui retracent tout le chemin que j'ai parcouru depuis ma première exposition en 1980 à ce jour.