L'Organisation panafricaine de lutte contre le sida déplore le retard du Maroc dans le domaine de la santé reproductive.Le taux de mortalité maternelle demeure à la tête des indicateurs les plus révoltants avec trois décès en couches chaque jour. «Chaque jour, trois Marocaines meurent en couche. Cette situation est inadmissible. La santé reproductive continue de constituer un sujet tabou dans notre société», déplore Dr. Nadia Bezad, présidente déléguée de l'Organisation panafricaine de lutte contre le sida (OPALS) et coordinatrice de la coalition civile pour la santé reproductive. «Avec un taux de mortalité maternelle de 227 pour 100.000 naissances annuellement et de 267 pour 100.000 naissances en milieu rural, le Maroc est très mal classé par rapport à ses voisins algériens, tunisiens ou égyptiens. Ce taux demeure à la tête des indicateurs les plus révoltants», poursuit Dr. Bezad. Ces statistiques reflètent l'absence de structures d'accueil adéquates et du personnel pouvant prendre en charge les femmes en couches dans le milieu rural et notamment dans les régions enclavées. «Malgré le manque de personnel médical, il est navrant de constater que plusieurs centres de santé qui ont été construits ne sont toujours pas en fonction», note la présidente déléguée d'OPALS. Lors d'une rencontre sur «La santé reproductive et la prévention contre le sida: le rôle de la conseillère communale», qui s'est tenue samedi 23 décembre à Marrakech, l'OPALS a appelé à l'adoption de mesures visant à l'amélioration de la santé reproductive au niveau de chaque région. «Cette rencontre a pour but de sensibiliser les conseillères communales et parlementaires sur la réalité dans la mesure où celles-ci ignorent totalement la situation de la santé de la femme au Maroc (mortalité maternelle, infections sexuellement transmissibles( IST)…). Ces élues ont une responsabilité et un rôle à jouer dans l'amélioration de la santé des femmes. Après Fés-Boulemane et Marrakech, la prochaine rencontre avec les conseillères communales aura lieu à Rabat», souligne Dr. Bezad. Pour ce qui est des IST, la situation est loin d'être réjouissante. Selon l'OPALS, 600.000 nouvelles infections sont enregistrées annuellement, dont la majorité chez des femmes vulnérables sur le plan biologique et social. «Ces chiffres montrent que 20 ans de travail dans la prévention des IST/sida n'ont pas donné de bons résultats. Et ce fut même un échec. Les statistiques sont en hausse chaque année. C'est précisément la raison pour laquelle nous avons décidé de porter l'attention sur la relation entre le VIH/sida et la santé reproductive», affirme Dr. Bezad. Par ailleurs, l'OPALS note que le cancer du sein qui touche 5.250 femmes par an et le col de l'utérus (2010 cas/an) continuent à tuer des milliers de femmes à cause de l'indigence des programmes de prévention et des structures de prise en charge des personnes atteintes de ces maladies. La coalition civile pour la santé reproductive appelle le gouvernement à reconnaître le droit des femmes à la vie, à la santé et à l'intégrité physique comme étant les plus élémentaires des droits humains et inscrire ce droit comme une priorité politique et sociale.