Abdelouhab Rabbaâ est l'instigateur de l'opération de vol d'armes dans une caserne de Taza. Son arrestation pourrait dévoiler des liens entre cette affaire et les attentats du 16 mai. Après une cavale de plus de sept mois, Abdelouhab Rabbay a finalement été appréhendé par des éléments de la police judiciaire relevant de la Sûreté régionale de Meknès. Il était recherché pour son implication dans l'affaire du vol d'armes dans une caserne de Taza. L'opération d'arrestation, qui a duré près de deux heures, a "causé des blessures à certains éléments de la police, contraints, de ce fait, à recourir à l'usage de leurs armes à feu pour maîtriser la situation", souligne un communiqué du procureur général du Roi de Meknès rendu public le lundi soir. En effet, des sources proches du dossier ont précisé que cette opération a été lancée dans la nuit du dimanche à lundi, dans une maison dans les environs de Meknès, à Agouray. Rabbay était présent avec cinq de ses complices. Ces derniers sont Baghdad Abdennebi, Ahmed Slimani, Abdelmalek Ziani, Mohamed Ben Jilali et Abdedayem Harrah. Ils ont tous été arrêtés. Selon notre confrère Al Ahdat Al Maghribiya, la demeure qui appartient à un marocain résident à l'étranger était également occupée par des femmes et des enfants. Dès que l'assaut fut donné, Abdelouhab Rabbay et ses complices "ont opposé une forte résistance aux éléments de la police en utilisant des armes blanches (coutelas, épées)", assure le communiqué du procureur général du Roi. Résultat: plusieurs blessés sont à déplorer, parmi lesquels des membres des forces de l'ordre et Rabbay, lui-même, touché par balles aux jambes. Par la suite, tous les blessés ont été évacués vers l'hôpital militaire de Meknès "pour recevoir les soins nécessaires", conclut le communiqué. Rappelons que Abdelouhab Rabbay était activement recherché par les autorités depuis l'éclatement de l'affaire du vol d'armes dans une caserne de Taza en janvier 2003. Depuis, il faisait l'objet d'un mandat d'arrêt au niveau national, lancé par le commandement régional de la Gendarmerie Royale de Meknès. Le tribunal militaire permanent des Forces Armées Royales l'a même condamné par contumace à 20 ans de prison ferme. Rabbay avait réussi à approcher un jeune militaire travaillant dans la caserne, Youssef Amani, pour l'enrôler par la suite. Le but étant, pour Rabbay, de se procurer des armes, des kalachnikovs en l'occurrence. Elles devraient servir à des opérations terroristes. Convaincu du bien-fondé de cette entreprise, Youssef Amani, âgé de 22 ans à peine, passe à l'acte après plusieurs semaines de préparation. Le vol est rapidement découvert. Alertée par le commandement militaire de la caserne, la gendarmerie Royale arrête immédiatement Amani en possession des armes. Il reconnaît que la tête pensante de la bande n'est autre que Abdelouhab Rabbay. Celui-ci, un tailleur de son état, a réussi à verser des sommes importantes d'argent à Amani, histoire de le "convaincre". D'où provenaient ses sommes? A quoi devaient servir les armes volées? En fait, seuls six kalachnikovs ont été subtilisés. A l'origine, les terroristes ne voulaient pas attirer l'attention. Leur forfait devait passer inaperçu, au moins pour quelques semaines. Mais le déroulement des événements en a voulu autrement. L'inexpérience de Amani a fait échoué toute l'opération. En tout cas, les attentats du 16 mai à Casablanca, ont démontré que des groupuscules extrémistes avaient sérieusement l'intention d'embraser le pays. L'arrestation de Rabbay permettrait, sans aucun doute, aux enquêteurs de découvrir d'autres ramifications, beaucoup plus dangereuses.