Les négociations USA-Maroc pour l'établissement d'une zone de libre-échange sont entrées dans une phase décisive. Des blocages persistent sur les dossiers des textiles et de l'agriculture, et sur la durée de protection des brevets. Les négociateurs américains n'ont toujours pas accepté le principe d'une durée de vie des brevets de 20 ans, comme le prévoit la législation marocaine relative à la propriété industrielle. Les firmes américaines réclament trente ans. Ce qui est difficilement envisageable pour le Maroc, deuxième producteur de médicaments en Afrique, derrière l'Afrique du Sud. Autre secteur concerné, mais où aussi les négociations traînent, les textiles. Les professionnels suivent de près l'avancée des pourparlers. Le Bureau national de L'AMITH s'est réuni exceptionnellement samedi dernier pour s'entendre sur les positions à adopter. Deux délégués, le président de l'association et celui du pôle relations internationales ont été désignés pour représenter la profession. Pour le moment, le silence est de rigueur. Rien ne filtre sur les négociations. La délégation américaine qui a effectué il y a deux semaines, une brève tournée de concertation au Maroc a demandé exprès à toutes les délégations rencontrées de garder le silence sur le déroulement des tractations. Etant en phase d'établissement de zones de libre-échange avec d'autres pays, les USA ne veulent pas que la teneur des négociations avec les marocains filtrent, car cela pourrait influencer les accords en préparation avec d'autres pays, explique un céréalier marocain qui a pris part à ces rencontres informelles. L'injonction américaine était visible mercredi dans les propos de Fassi Fihri tenus mercredi à la Chambre des représentants. Le ministre délégué aux Affaires générales et à la Coopération n'est pas rentré dans les détails, se contentant de commenter de manière sommaire l'état des négociations. Des progrès ont été enregistrés sur certains dossiers. Il s'agit notamment de l'accès au marché, de la coopération douanière, des marchés publics, des investissements, de la propriété intellectuelle et des questions sociales de l'environnement. Mais, comme l'a précisé le ministre délégué à la Coopération, les problèmes que posent les textiles et surtout l'agriculture n'ont pas encore été résolus, mais « sont en phase de négociations avancée et décisive ». Ces négociations intéressent au plus haut niveau le secteur privé, la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM), le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM), la Fédération des Chambres de commerce, d'industrie et des services (FCCIS) et l'Association marocaine des exportateurs (ASMEX)… La plupart des opérateurs disent ne pas être au courant et déplorent l'absence de concertation. « On nous a promis de faire le point général d'ici quelques jours, après les négociations, alors que d'un autre côté, les Américains négocient étroitement avec leurs hommes d'affaires», avance un membre de la FNCL (Fédération nationales des céréales et légumineuses). Un constat qui persiste depuis janvier 2003, date du démarrage du premier round de ces négociations.