Au douar l'Hadj Salah, à Lahraouiyine, dans la périphérie de Casablanca, un tailleur traditionnel, âgé de 25 ans, a violé à trois reprises un écolier dans les toilettes d'un bain maure. Nous sommes à la Cour d'appel de Casablanca. Sur un siège, juste à côté du bureau du juge d'instruction, se tenait Mustapha qui serre son enfant Mouhcine dans ses bras. Il attend qu'une décision soit prise par le juge d'instruction qui interroge, à ce moment, Salaheddine. Tout d'un coup, il remarque ce jeune de vingt-cinq ans, qui sort du bureau du juge d'instruction, avec le sourire aux lèvres et les membres de sa famille qui lancent des youyous. Que se passe-t-il? Salaheddine a été relâché. Il regarde l'enfant, Mouhcine, qui se colle à son père, Mustapha. Celui-ci n'arrive pas à demander des explications. Personne ne s'adresse à lui. Il ne sait pas à quel saint se vouer. Son enfant, qui a vu le jour le 29 novembre 1999, ne cesse de pleurer. Il n'arrive pas à regarder Salaheddine. Pourquoi ? Parce qu'il est son bourreau. Il y a un an, il a abusé de cet enfant à trois reprises. Comment cela est-il arrivé ? C'est au douar l'hadj Salah, dans la région de Lahraouiyine, à la périphérie de Casablanca que Mustapha demeure. Il vit avec sa femme et ses trois enfants dans une baraque. Mouhcine poursuit ses études à la cinquième année d'enseignement fondamental, à l'école Boubker Essadiq. En face de leur baraque, Salaheddine et sa famille étaient leurs voisin. Mouhcine considère Salaheddine comme son frère aîné. Il n'hésitait pas à s'approcher de lui et lui faire la bise. C'est la raison pour laquelle, quand Salaheddine a sollicité la mère de Mouhcine de lui permettre de l'accompagner au bain maure, elle n'a pas refusé. En fait, elle imaginait que Salaheddine traitait son enfant comme son frère cadet. Malheureusement ! Quand Mouhcine était au bain maure, Salaheddine lui a demandé de l'accompagner aux toilettes. Pourquoi ? L'enfant n'en savait rien. Loin des regards, il l'a conduit à l'intérieur des toilettes et a abusé de lui. Avant de sortir, il l'a menacé de le tuer s'il avise ses parents. Mouhcine est retourné chez lui sans dire le moindre mot à ses parents. Il a gardé le silence. La deuxième fois, Salaheddine a abusé de lui dans le même lieu. Et la troisième fois, il a abusé de lui, une fois encore, mais violemment au point que cette fois-ci sa mère a remarqué un changement dans ses comportements. En lui demandant ce qui lui est arrivé, il lui a tout raconté. La mère n'a avisé ni la police ni son mari. Elle a juste contacté la famille de Salaheddine qui l'a suppliée de ne rien divulguer. Ce n'est qu'un an plus tard, quand une rixe a éclaté entre la mère de Mouhcine et la famille de Salaheddine, que la mère a fini par aller au poste de la gendarmerie de Lahraouiyine. «C'est ainsi que j'ai appris la mauvaise nouvelle », a affirmé le père de Mouhcine à ALM. Les gendarmes ont arrêté Salaheddine, âgé de vingt-cinq ans, tailleur traditionnel, célibataire et l'ont soumis à un interrogatoire serré . Le tailleur a nié avoir abusé de l'enfant. Mais l'enfant le met toujours en cause. Salaheddine a été traduit, le 1er octobre, devant le parquet général près la Cour d'appel de Casablanca, qui l'a mis ensuite entre les mains du juge d'instruction. Malheureusement, Salaheddine a été libéré provisoirement devant les yeux de l'enfant qui a abandonné l'école. Ce dernier ne veut plus sortir de chez lui de peur de rencontrer son bourreau.