Farouk Hosni, ministre égyptien de la Culture, semble arithmétiquement bien placé pour diriger l'Unesco. Verdict aujourd'hui à Paris. Le Conseil exécutif de l'Unesco doit départager, le 17 septembre à Paris, neuf prétendants à la succession du Japonais Koïchiro Matsuura, directeur général sortant, parmi lesquels un candidat arabe, l'Egyptien Farouk Hosni, fait figure de favori, même si sa victoire semble loin d'être acquise. Farouk Hosni (71 ans), ministre égyptien de la Culture, semble arithmétiquement bien placé pour diriger la plus prestigieuse organisation culturelle internationale. La Ligue arabe, l'Organisation de la Conférence islamique (OCI) ainsi que l'Union africaine (UA) lui ont apporté leur soutien, caressant le rêve de voir enfin un responsable d'origine arabo-musulmane à la tête de l'Unesco. Le Maroc dont l'ambassadrice à l'Unesco, Aziza Bennani, briguait dans un premier temps ce poste, avait, rappelle-t-on, retiré sa candidature pour «optimiser les chances d'une candidature arabe unique». Une position réitérée, la semaine dernière au Caire, par le ministre de la Culture, Bensalem Himmich. En tout, Farouk Hosni jouit déjà du soutien de 32 des 58 pays membres du Conseil exécutif, lesquels sont élus par la Conférence générale qui se réunit tous les deux ans. Après un entretien d'une heure avec chaque candidat, le Conseil exécutif doit délibérer pour voter au scrutin secret et à la majorité des suffrages exprimés. Le nom de l'heureux candidat est ensuite proposé à la Conférence générale qui, elle aussi, se prononce au scrutin secret. En France, pays hôte du siège de l'Unesco, le candidat égyptien aurait les faveurs des autorités au plus haut niveau, selon les médias parisiens. Mais, des intellectuels français pro-israéliens de renom ont signé à Paris un sévère réquisitoire contre le candidat arabe l'accusant d' «antisémitisme». Farouk Hosni s'en est expliqué disant regretter que certains de ses propos aient pu choquer et affirme fonder son action sur «la réconciliation entre les peuples». «Au moment où il faut se mobiliser contre les forces de la régression et de l'enfermement communautaire, partout à l'œuvre, le choix d'un Arabe, d'un musulman, d'un Egyptien serait, au-delà de ma personne, un formidable message d'espoir», a-t-il plaidé dans une tribune publiée par le quotidien Le Monde. Depuis le début de cette polémique, les candidatures se sont multipliées. On en compte neuf au total, dont celles de l'Autrichienne Benita Ferrero-Waldner, actuelle commissaire de l'UE pour les Relations extérieures, du Béninois Noureini Tidjani-Serpos, directeur général pour l'Afrique à l'Unesco, de l'ex-ambassadrice de l'Equateur à Washington, Ivonne Abdel Baki (48 ans), de l'Algérien Mohamed Bedjaoui (79 ans), présenté par le Cambodge, et du ministre adjoint russe des Affaires étrangères, Alexandre Yakovenko. Mme Ferrero-Waldner, principale concurrente de Farouk Hosni, se heurte au manque d'entente des pays européens autour d'une candidature commune. De même, on lui reproche d'avoir participé à un gouvernement de coalition avec l'extrême droite en Autriche. Le Béninois Noureini Tidjani-Serpos peut lui aussi devenir un challenger important. Fort du soutien du directeur général sortant, Matsuura, ce poète et intellectuel cible les pays africains et conteste l'appui apporté par l'UA au candidat égyptien. Quant à Ivonne Abel Baki, cette Equatorienne d'origine libanaise dit avoir le soutien de l'administration du président américain Barack Obama, sans que Washington ne la démente. C'est une concurrente de taille si l'on considère le poids des Etats-Unis au sein de l'Unesco (25 pc du budget). Ces trois candidats risquent de compliquer l'élection du ministre égyptien de la Culture qui aura la tâche difficile à remporter une victoire dès le première tour et un deuxième tour n'est, donc, pas écarté. Depuis 1945 date de sa création, neuf hommes de différents continents, mais aucun du monde arabe, se sont succédé à la direction générale de l'Unesco : quatre européens, trois nord-américains, un asiatique et un africain, en l'occurrence le Sénégalais Amadou-Mahtar M'Bow qui a présidé aux destinées de l'Organisation de 1974 à 1987, avant que le nombre des mandats directoriaux ne soit ramené à deux, en 2005. Nour Eddine Hassani (MAP)