Le haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Antonio Guterres, en visite au Maroc, a affirmé que la protection humanitaire de la population des camps de Tindouf passe par le recensement refusé par Alger. La protection humanitaire des populations des camps de Tindouf nécessite leur recensement. C'est ce qu'a affirmé, samedi 12 septembre, le haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Antonio Guterres, lors d'une conférence de presse conjointe avec le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Taïeb Fassi Fihri. Le responsable onusien a affirmé que la pratique habituelle du recensement réalisée dans le cadre des opérations humanitaires n'a rien à voir avec les considérations politiques, mais qu'il s'agit plutôt d'un instrument pour l'aide humanitaire. M. Guterres a, dans ce cadre, déploré le fait que l'Algérie n'a pas accepté la réalisation de ce recensement. «L'Algérie a demandé l'augmentation de l'aide accordée aux camps de Tindouf, mais le HCR a répondu que cette augmentation reste liée à un recensement des populations de ces camps», a-t-il précisé. M. Guterres a, par ailleurs, exprimé sa satisfaction du «saut qualitatif» qui a marqué les relations entre le HCR et le Maroc, formant le vœu que le Maroc «pourra, dans le cadre de cette coopération, mettre en place un cadre juridique d'asile» et «créer un organe lui permettant d'octroyer le statut de réfugié sur son territoire». Le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération a affirmé, pour sa part, que l'Algérie, en vertu de ses obligations juridiques et politiques, doit permettre au HCR d'exercer son mandat et de procéder au recensement des personnes retenues dans les camps de Tindouf. Le ministre a précisé que le recensement en tant que mesure de protection permettra d'identifier les personnes véritablement originaires des provinces du Sud. «Cette opération statutaire permettra également au HCR d'entreprendre son rôle institutionnel et de procéder à l'interview individuelle des populations de Tindouf pour qu'elles expriment leur position soit d'y rester, soit de regagner le Maroc dans le cadre du rapatriement librement consenti ou de s'installer dans un autre endroit à l'étranger», a relevé M. Fassi Fihri. Le ministre a indiqué, en outre, que le Maroc a besoin de l'appui du HCR pour dépasser le statu quo qui prévaut dans les camps de Tindouf. «Nous avons besoin du HCR, non seulement pour réaliser le mandat humanitaire du HCR, mais aussi pour nous aider à trouver le traitement définitif à la situation dans les camps de Tindouf», a-t-il affirmé, ajoutant que la situation réelle dans les camps n'est pas connue de tous, dénonçant les violations des droits de l'Homme dans ces camps et l'impossibilité pour les personnes qui y sont séquestrées de les quitter et de regagner leur pays, le Maroc. M. Fassi Fihri a mis en relief, dans ce sens, la responsabilité politique et juridique de l'Algérie dans la persistance de cette situation, qu'il a qualifiée d'«intolérable» du point de vue humanitaire. Le haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés, qui effectue une visite au Maroc dans le cadre d'une tournée dans la région qui l'a également conduit à Alger et Tindouf, s'était entretenu auparavant avec le Premier ministre Abbas El Fassi, le ministre de l'Intérieur, Chakib Benmoussa, le ministre de la Justice, Abdelouahed Radi, le président du Conseil consultatif des droits de l'Homme (CCDH), Ahmed Herzenni, et le président du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (CORCAS), Khalli Henna Ould Errachid. Les entretiens de M. Guterres avec les responsables marocains ont porté essentiellement sur la situation des Marocains séquestrés dans les camps de Tindouf, notamment les violations des droits de l'Homme qui y sont enregistrés et les moyens de renforcer la coopération entre le Maroc et le HCR. M. Gueterres a, par ailleurs, assisté, samedi, à Smara à l'opération d'échange de visites familiales entre les camps de Tindouf et les provinces du Sud. L'augmentation de l'aide du HCR reste liée à un recensement Le Haut commissaire des Nations unies pour les Réfugiés, Antonio Guterres a affirmé que l'augmentation de l'aide humanitaire du HCR en faveur des camps de Tindouf reste liée à un recensement des populations de ces camps. M. Guterres a affirmé que pour changer la situation actuelle, notamment la réduction de l'aide, décidée sur la base des estimations du HCR, il faudrait un recensement qui n'a rien à voir avec le processus politique. Le responsable onusien a également indiqué que l'Algérie s'oppose au recensement des populations des camps de Tindouf, et qu'elle fournit au HCR des chiffres plus élevés que les estimations des Nations Unies. M. Guterres a fait savoir que le HCR a réduit son aide en matière alimentaire sur la base des estimations qu'il a et qui sont inférieures aux chiffres donnés par les autorités algériennes.