Le recours à des données statistiques anciennes fausse la pertinence du rapport du PNUD et amplifie son déphasage avec la réalité. La publication prochaine du rapport mondial sur le développement humain et l'insuffisance notoire des indicateurs encore une fois retenus pour son élaboration, ont été au centre de l'entretien, mardi à Rabat, entre le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Taïeb Fassi Fihri, et le coordonnateur résident du Système des Nations Unies et représentant du PNUD au Maroc, Mourad Wahba. Au cours de cet entretien, qui fait suite à une première réunion, tenue à ce sujet le 28 juillet dernier, M. Fassi Fihri a réitéré «la position du Royaume du Maroc à l'égard de ces critères, retenus il y a bientôt vingt ans, devenus largement dépassés, clairement sélectifs et certainement insuffisants pour mesurer, de manière objective, les avancées réalisées en matière de développement humain», précise un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération. La même source rappelle que les indicateurs utilisés par le PNUD sont basés uniquement sur trois indices, à savoir le PIB par tête d'habitant, l'éducation avec un accent particulier sur l'alphabétisation, et la santé mesurée exclusivement à l'aune de l'espérance de vie à la naissance. Ces critères restrictifs, a souligné M. Fassi Fihri, ne permettent guère d'apprécier, à sa juste valeur, le caractère dynamique de la société marocaine, l'élargissement des espaces de libertés et d'initiatives au Royaume, l'amélioration de l'environnement socio-économique et la vitalité de la vie culturelle et artistique. M. Fassi Fihri a ajouté que la prédominance du facteur du PNB par tête d'habitant dans la définition de ces indicateurs ne fait pas justice aux pays, qui, à l'instar du Maroc, ont investi massivement dans les secteurs sociaux et dans le développement humain, en général, à travers les nombreux programmes nationaux d'élargissement de l'accès aux équipements sociaux de base, les grands projets de désenclavement et de développement des infrastructures, ainsi que le lancement de projets de développement local et de lutte contre la précarité, dans le cadre de l'INDH, annoncée par SM le Roi Mohammed VI en 2005. De plus, a poursuivi le ministre, le recours exclusif et étriqué aux deux autres critères liés aux domaines de la santé et de l'éducation réduit la portée des OMD, considérés, unanimement par la communauté internationale, comme le cadre approprié pour la réalisation du développement humain durable dans le monde. M. Fassi Fihri a fait observer que le recours à des données statistiques anciennes fausse la pertinence du rapport et amplifie son déphasage avec la réalité vécue sur le terrain, annihilant ainsi les progrès réalisés par le Royaume dans plusieurs secteurs. Malheureusement, le rapport sur le développement humain dans le monde, qui paraîtra prochainement, est établi à partir de chiffres obsolètes de 2007, ayant fait l'objet de réserves antérieures, relève la même source. Aussi, a précisé le ministre, le PNUD, qui se dit responsable de l'initiation et de la gestion du processus d'élaboration du rapport sur le développement humain, est-il interpellé pour réviser la méthodologie d'élaboration de certains indices statistiques sectoriels ou globaux, en travaillant avec les Etats membres et les organes compétents des Nations Unies.