J'ai particulièrement remarqué, ces derniers temps, dans le courrier des lecteurs, deux lettres qui m'étaient directement adressées. Toutes les deux voulaient corriger des erreurs supposées de langue. J'ai particulièrement remarqué, ces derniers temps, dans le courrier des lecteurs, deux lettres qui m'étaient directement adressées. Toutes les deux voulaient corriger des erreurs supposées de langue. Cette dernière peut, bien évidemment, et naturellement à tout instant fourcher et surtout la chasse aux coquilles de nos réviseurs peut s'avérer complètement frivole. Mais de quoi nos lecteurs me jugent-ils coupable ? Le premier n'admet pas que j'écrive plus pire, arguant du fait avéré que le pire est suffisant et que le “plus” dans ce cas d'espèce est non seulement un pléonasme mais également un mauvais usage de la langue. J'admets la remarque, mais j'ai écrit pire que ce qu'il pense. Citation : « Il y a plus pire, comme on dit maintenant, comme si le pire qui fait d'ordinaire notre quotidien de tous les jours, n'était pas suffisant. » C'est moins pire que ce qu'il nous reproche. Mais, en fait, je suis en accord avec notre lecteur, puisque moi-même, je voulais, au détour d'une phrase, signaler ce mauvais usage, justement, en usant à tort d'un humour que je suis désormais, dans ma grande solitude, le seul à pouvoir comprendre même si ce n'est pas tous les jours vrai. J'aurais aimé discuter avec notre lecteur de Salé, pour lequel j'ai beaucoup d'estime, de « l'ordinaire de notre quotidien de tous les jours », mais comme la remarque n'a pas été faite je considérerai donc que mes dérapages sont moins graves que graves. Un autre lecteur assidu m'épingle avec une certaine verve parce que j'aurais écrit que l'affaire Messier, l'affaire Parmalat et que les décès dans les hôpitaux français pour des causes étrangères au motif de l'hospitalisation sont des choses qui ne peuvent pas arriver chez nous. Notre lecteur, avec lequel j'ai eu un échange de mails plus que sympathique, voulait me faire un procès en patriotisme étriqué, en nationalisme étroit, en chauvinisme capillairement déficient, en journalisme dépendant et en makhzénianisme flamboyant. À la bonne heure ! Mais, le point sur lequel notre correspondant avait parfaitement raison, c'est qu'à moins de quatre cafés serrés au réveil, la compréhension par un lecteur pressé d'une antiphrase peut être complètement catastrophique. C'est le crash. On peut trouver les boîtes noires, mais encore faut-il qu'elles soient coopératives. Ce qui n'est pas toujours le cas. Allez demander, en plein jour, à une boîte noire, déjà victime d'un délit de faciès, de parler, surtout si elle est entre les mains de 5 juges, 6 experts, 10 policiers d'élite et 100 caméras de télévision. C'est impossible. Il faut sortir la gégène. Cela dit, vous aurez tous remarqué la recrudescence de la croissance des fautes à la lecture d'ALM. C'est un vrai problème qui nous abîme le moral, d'autant plus que notre combat en la matière est sans merci. Pourtant on n'y arrive pas. On plaide coupable. Il faut rapprocher ce phénomène à la disparition lente et progressive de la langue française dans notre pays. Le recul est sévère et cela se lit dans la presse. « Le chifor va passer un maman au biro avec sa coupine pour vous dire onvoir. » Voilà un petit exemple du sabir que nous supportons tous les jours. Forcément, cela laisse des traces. Continuez à nous lire « comme même » et surtout écrivez-nous si vous avez un petit « maman ».