En excluant de réduire sa production, l'Opep n'a pas aidé à une future reprise économique mais aussi contribuera à réchauffer les relations avec les Etats-Unis. La décision du cartel de se conformer à des objectifs de production déjà fixés lors des réunions précédentes survient deux jours à peine après un coup de fil passé par le président américain Barack Obama au Roi Abdallah d'Arabie Saoudite. L'Opep a indiqué dimanche que la détérioration de l'économie mondiale, dont la reprise passe entre autres par un pétrole au prix raisonnable, avait été déterminante dans sa prise de décision. Il s'agit également d'un cadeau de bienvenue à l'égard de la nouvelle administration américaine. «Je ne veux pas dire que j'ai voté Obama, mais nous entendons un ton nouveau que nous n'entendions pas par le passé», a déclaré à des journalistes le secrétaire général de l'Opep Abdallah Al-Badri. «Nous avons perçu une approche positive. Ils sont prêts au dialogue et prêts à discuter; nous aussi.» La décision de l'Opep de ne pas réduire ses objectifs de production a été saluée par le secrétaire américain à l'Energie Steven Chu même s'il s'est empressé de rappeler que les Etats-Unis comptaient toujours réduire leur dépendance énergétique. Pour l'Opep, comme pour le reste de la planète, la situation économique reste au cœur des préoccupations, expliquent les analystes. «Pour le moment, remettre le monde sur pieds est plus important que relever le prix du baril de dix dollars», commente Lawrence Eagles de JP Morgan. «L'économie mondiale est cruciale. Des gains à court terme ne se feraient qu'au détriment de l'Opep à long terme». Les analystes estiment également que les pressions modérées par Barack Obama, pour autant qu'il y en ait eues, ont été moins mal perçues que celles de son prédécesseur George Bush, et qu'elles ont grandement facilité les débats et l'atteint d'un consensus. Car si l'Opep compte dans ses rangs le Royaume saoudien, principal allié des Etats-Unis au Moyen-Orient, elle comporte également des adversaires déclarés tels que le Venezuela ou l'Iran, qui ont accepté sans faire de vagues la décision de dimanche. Il y a un an, la situation était toute différente. Les prix du brut étaient en constante augmentation et en mars 2008, les Etats-Unis avaient plaidé pour une augmentation de la production, même légère, censée permettre aux marchés de se calmer. L'Opep s'était contentée de maintenir ses niveaux de production permettant au prix du baril de dépasser les cent dollars et d'atteindre un record de plus de 147 dollars en juillet. Alors que le président de l'Opep, le ministre algérien Chakib Khelil, avait estimé que la flambée pétrolière était la conséquence d'erreurs économiques commises par les Etats-Unis et n'était pas le fait de l'Opep.