Portrait. Elle a 36 ans, elle est Tunisienne et cela fait sept ans qu'elle fait du rallye tout terrain. Elle a commencé à l'âge de 20 ans à faire de la moto pour devenir la première femme arabe à participer au rallye Paris-Dakar. La démarche déterminée, le sourire toujours aux lèvres et la langue facile. Tels sont les signes les plus apparents de Hind Chaouch, la première femme arabe à s'introduire dans le monde du rallye. Un monde qui constitue souvent, sinon toujours, l'apanage des hommes. Issue d'une famille de 5 filles dont elle est la cadette, elle voulait à tout prix plaire à son père qui a toujours préféré avoir un garçon. Pour ce faire, la jeune Hind se met à pratiquer des sports essentiellement « pour hommes» tels que l'équitation et les arts martiaux. À l'âge de 17 ans, le déclic opère. Ses amis les plus proches étaient des amateurs de motos. « Quand les filles allaient en boom, moi je préférais me mettre en bottes et en casque et partir faire de la moto les samedis, après-midi», explique Chaouch. Garçon manqué ? Loin s'en faut. Hind, qui au passage, a derrière elle une dizaine d'années de danse classique et orientale, sait faire la part des choses et concilier entre sa nature de femme et son amour pour la course. «Des fois il faut s'occuper plus de sa voiture et de sa course que de soi-même. Mais cela n'empêche pas que l'on peut très bien vivre sa féminité tout en essayant de réaliser ses rêves. Mon rêve, c'était d'aller jusqu'au bout dans ce sport », déclare-t-elle. Un défi qu'elle a réussi en s'engageant sur plusieurs pistes de rallye, dont le «Trophée Aîcha des Gazelles». Hind voit dans sa participation, la première du genre et après 13 ans d'attente, à l'édition 2002 du Dakar un couronnement de ses efforts. Une attente pour se sentir prête et des efforts qu'elle compte mener encore plus loin. Elle est actuellement classée 67e, ce qui est déjà honorable. Mais elle compte bien améliorer son classement et de terminer la course parmi les 40 premiers. Déterminée et combative, Hind ne l'est pas uniquement au bord de sa voiture de course mais aussi dans sa vie. Après un bac-lettres décroché à 17 ans, elle opte pour une maîtrise combinée de langues. À 21ans, elle part aux Etats-Unis pour un diplôme en Marketing, spécialité publicité et communication. Hind Chaouch est aussi polyglotte puisqu'elle parle plusieurs langues; arabe, français, anglais, italien et, tenez-vous bien, japonais. Elle est actuellement promotrice d'un projet de Drive in à l'américaine en Tunisie. Une vie de projets et de défis qu'elle réussit avec une excellence certaine. La devise : tout vient à point à qui sait progresser dans la vie. « Depuis ma tendre enfance, j'ai appris à concrétiser mes projets par étapes. C'est petit à petit que l'on peut avoir ce que l'on veut » conclue -t-elle avec philosophie. Un message, Hind en a bien un : que la femme arabe aille jusqu'au bout de ses ambitions, se surpasse, s'émancipe tout simplement. Une femme à découvrir et un exemple à suivre. De notre envoyé spécial à Ouarzazate, Tarik Qattab