L'Association marocaine de sensibilisation contre le dopage dans le sport (amsds) a lancé plusieurs caravanes anti-dopages à travers le Maroc. Son président en présente le constat. ALM : Votre association milite pour la sensibilisation contre le dopage dans le sport dans plusieurs régions du Maroc. Quelle évaluation faites-vous de l'état du dopage au Maroc ? Lahcen Karam : La caravane de sensibilisation contre le dopage a débuté le 22 novembre 2008 d'Inzegane en passant pour plusieurs villes du Maroc comme El Youssoufia, Casablanca, Settat, Meknès, Dakhla. Elle achèvera son circuit le 31 janvier 2009. Parmi les points que nous avons relevés, entre autres, que la situation du dopage au Maroc est alarmante. Nous avons aussi enregistré deux cas de décès à cause du dopage, l'un à Berrechid et l'autre à Meknès. À Safi, nous avons détecté un cas d'un malade psychopathe suite à l'utilisation des produits dopants. Mais, il importe de souligner que généralement les athlètes n'ont pas la volonté de consommer ces substances interdites par la loi et pensent qu'ils consomment des compléments alimentaires. C'est ainsi que les trafiquants de produits dopants exploitent le manque d'information et l'absence de sensibilisation chez les athlètes pour commercialiser leurs produits. Parmi les cas les plus désolants aussi, celui des pratiquants de la musculation qui consomment des hormones destinées aux animaux pour avoir la masse musculaire. A la fin de notre caravane, un rapport sera élaboré pour aider les instances officielles du pays à avoir la vrai image du dopage au Maroc. Quel est le but de votre association ? Notre association a élaboré une étude analytique sur l'état du dopage au Maroc afin de construire le plan stratégique pour les cinq années à venir. En effet, l'Agence mondiale anti-dopage en collaboration avec le Haut conseil européen du sport a élaboré les lignes directrices afin d'établir les programmes de prévention, d'information, d'éducation et de sensibilisation contre le dopage basé sur l'article 18 du code mondial anti-dopage et l'article 6 de la convention européenne contre le dopage. Celles-ci obligent l'opérateur dans le domaine de la lutte contre le dopage à respecter des protocoles et circuits précis. A travers cette étude, on a détecté dix sports qui souffrent du fléau du dopage et on a décidé de traiter ces sports en l'espace de 5 ans avec une moyenne de deux disciplines sportives par an. Notre premier objectif est de faire bouger le dossier du dopage au Maroc et sensibiliser le paysage sportif national officiel et civil, tandis que le deuxième objectif est d'attaquer le dopage à travers une sensibilisation de proximité. Comment voyez-vous la loi relative à la lutte contre le dopage récemment approuvée par le Conseil de gouvernement ? C'est un effort pour lutter contre le dopage au Maroc et un indicateur de la volonté solide du ministère de la Jeunesse et des Sports pour épargner nos jeunes de l'impact monstrueux du dopage et sauvegarder la crédibilité du sport marocain. Nous remercions vivement le ministère qui a pris l'initiative de légiférer ce texte de loi, mais nous soulignons qu'il y a des points à discuter et nous avons déjà préparé une lecture pour enrichir les discussions au stade du Parlement. Le ministère procédera à des contrôles inopinés à partir de février. Qu'en pensez-vous ? Le contrôle inopiné doit figurer dans un plan préalable qui répond aux normes et standards internationaux chapeautés par le Code mondial anti-dopage et approuvés par la convention internationale contre le dopage dans le sport, adopté par l'UNESCO en octobre 2005. En outre, il faut posséder une philosophie scientifique, moderne, réelle et basée sur le travail de terrain, car le fléau du dopage est un mécanisme compliqué, intriqué et interactif. Son impact est multidimensionnel. Et le rôle de la police judiciaire? Son rôle est majeur et primordial car c'est l'instrument qui va stopper le trafic des produits dopants. Le dopage est un acte hors-la-loi mais la question qui doit être soulevée est la suivante : est-ce que la loi fait détailler le rôle de la police judiciaire.