Le Premier ministre russe Vladimir Poutine et son homologue ukrainienne Ioulia Timochenko ont conclu à Moscou un accord sur le rétablissement des exportations de gaz russe via l'Ukraine. L'arrêt des livraisons, il y a dix jours, en raison d'un différend financier entre les deux pays a privé de gaz plusieurs pays d'Europe de l'Est et provoqué la colère de l'Union européenne. Poutine et Timochenko ont convenu que l'Ukraine paierait désormais le gaz aux tarifs européens, mais avec une remise de 20% pour l'année 2009, a précisé le porte-parole Dmitri Peskov. En échange, l'Ukraine maintiendra inchangées cette année les commissions qu'elle touche sur le transit du gaz par son territoire. Timochenko et Poutine ont ordonné aux groupes gaziers russe Gazprom et ukrainien Naftogaz de formaliser ces engagements dans un contrat et les exportations vers l'Europe reprendront immédiatement après la signature du document, a ajouté Dmitri Peskov, ce qui est attendu «dans un très proche avenir». Il reste à savoir si le président ukrainien Victor Iouchtchenko, rival de Timochenko, acceptera cet accord. Le président russe Dmitri Medvedev a dit espérer samedi que Ioulia Timochenko avait l'autorité nécessaire pour conclure un accord, Victor Iouchtchenko ayant déjà opposé son veto l'an dernier à un arrangement conclu entre Vladimir Poutine et son Premier ministre. A Kiev, une source proche de la présidence a assuré qu'il n'existait pas de divergences entre Timochenko et Iouchtchenko. Les discussions marathon entre Poutine et Timochenko ont fait suite à un sommet organisé à Moscou avec les pays consommateurs de gaz, qui n'a pu régler le contentieux. La présidence tchèque de l'Union européenne avait souhaité que les pays membres de l'UE n'y soient pas présents afin que Bruxelles parle d'une même voix. Seule la Slovaquie s'est déplacée, avec la République tchèque. Les autres pays étaient des alliés de la Russie dans les Balkans et en Europe de l'Est. La Russie a interrompu ses livraisons de gaz à l'Ukraine le 1er janvier en raison du rejet par Kiev d'une augmentation des tarifs. Six jours plus tard, les livraisons de gaz vers l'Europe transitant par l'Ukraine ont été coupées, Moscou accusant Kiev de détourner le gaz de transit pour ses propres besoins. A l'issue du sommet du Kremlin, le président Medvedev a réitéré la position de Moscou, qui est au cœur du différend, en déclarant que l'Ukraine devait payer les tarifs pratiqués pour les autres pays européens.