Driss Zejli, chercheur au Centre national pour la recherche scientifique et technique (CNRST), parle dans cet entretien avec ALM des énergies renouvelables et leur développement au Maroc. ALM : On assiste de par le monde à un engouement pour les énergies renouvelables. Quelles sont les raisons de cette ruée vers cette source d'énergie ? Driss Zejli : Le secteur de l'énergie est de nos jours sous l'emprise d'une double contrainte. Une contrainte en amont qui résulte de la raréfaction progressive des produits pétroliers. Et une contrainte en aval qui correspond à la montée des limitations d'émission de gaz à effet de serre, du fait de la prise de conscience du changement climatique. Comment se porte alors le marché mondial des énergies renouvelables ? Plus de 2,3 millions d'emplois ont été créés ces dernières années dans le secteur des énergies renouvelables. Ce secteur ne représente que 2% de la production mondiale d'énergie. Et pour ne citer que l'énergie éolienne, vers la fin de 2007, plus de 94.000 MW de capacité éolienne fonctionnaient dans plus de 60 pays, dont plus de 48.000 MW dans l'Union européenne. L'industrie éolienne mondiale a ainsi augmenté sa capacité totale de 27% en 2007, soit 20.000 MW installés en 2007. Qu'en est-il du Maroc ? Le Maroc s'est engagé depuis l'an 2000 dans le développement à grande échelle de l'énergie éolienne. Il compte actuellement une capacité éolienne installée de 124 MW avec plusieurs autres projets de parcs éoliens. L'Egypte nous devance avec une capacité installée de 310 MW en fin 2007. Le thermosolaire à concentration, quant à lui, a fait son entrée au Maroc avec la première centrale hybride cycle combiné/thermo solaire en construction à Ain Beni Mathar non loin d'Oujda. Comment pourra-t-on tirer profit du développement des énergies renouvelables ? Pour tirer pleinement profit de la nouvelle civilisation énergétique, le Maroc doit en être partie prenante et cela doit se décider dès maintenant. Les atouts du Maroc sont nombreux: un système de formation de l'enseignement supérieur à la hauteur des ambitions du Maroc, des petites et moyennes entreprises en développement sans précédent et la proximité du pays d'un grand marché d'électricité : l'Europe. Parmi les retombées socio-économiques qui pourraient découler d'un tel programme de développement des énergies renouvelables, il convient de citer l'émergence d'une nouvelle industrie, l'exportation d'un produit non périssable et de plus grande valeur ajoutée (l'électricité), l'offre d'énormes possibilités de création d'emplois et la valorisation de régions jadis non productives. Quelle serait la place de la recherche scientifique dans le développement de ces énergies ? Avec la bonne volonté de tous, on peut faire des énergies renouvelables le moteur du décollage économique du pays. Le rattrapage de notre retard par rapport à ceux qui nous devancent ne pourra cependant se faire que si la recherche est dynamisée par l'introduction massive des parcs éoliens et des centrales thermo-solaires au Maroc et par le développement d'industries marocaines dans le secteur.