Lors de sa rencontre dimanche à Jérusalem avec le président palestinien Mahmoud Abbas, le Premier ministre israélien Ehud Olmert s'est montré déterminé à conclure un accord de paix avec l'Etat palestinien avant son départ. Le Premier ministre israélien Ehud Olmert a envoyé dimanche un signal fort en direction du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, en rappelant sa détermination à signer un accord de paix avant la fin de l'année. Les deux hommes se sont rencontrés dans la journée à Jérusalem et une scène devenue rare depuis des mois a marqué les esprits à la sortie de leur entretien. Après avoir donné une poignée de main appuyée à Abbas, ainsi qu'une tape amicale sur le bras, synonyme d'une proximité retrouvée, Olmert a prononcé ces mots: «Nous nous devons d'achever le processus d'Annapolis d'ici la fin de l'année». Le président de l'Autorité palestinienne a semblé pris au dépourvu par cette déclaration d'Olmert, qui renvoyait à un cycle de négociations lancé en novembre aux Etats-Unis, censé conclure un accord de paix d'ici la fin du mandat de George Bush, dans trois mois. La situation dans laquelle se trouve depuis plusieurs semaines le Premier ministre israélien risque toutefois de compromettre une éventuelle sortie de crise au Proche-Orient. Mis en cause dans une vaste affaire de corruption présumée, Olmert a en effet annoncé le mois dernier qu'il allait quitter la tête du gouvernement. Des primaires sont prévues le 17 septembre au sein de son parti, Kadima, afin de lui trouver un successeur. Il pourrait néanmoins rester en poste plusieurs semaines, le temps qu'un nouveau gouvernement soit formé, et donc se contenter d'expédier les affaires courantes. Avant la rencontre entre les deux dirigeants, plusieurs responsables israéliens ont confirmé les informations parues dimanche dans la presse nationale selon lesquelles Olmert et Abbas souhaitent rédiger rapidement un document formalisant leurs points d'accord afin de le présenter à Washington avant le départ d'Olmert. Le document en question servirait de base de négociation à un traité de paix en bonne et due forme et permettrait à Bush d'annoncer qu'un accord de principe a été trouvé. À l'issue de l'entretien entre Olmert et Abbas, le porte-parole du Premier ministre israélien, Mark Regev, s'est montré toutefois réservé. «Il n'est pas réaliste de s'attendre à un accord rapide. Nous n'allons pas résoudre l'ensemble des problèmes du conflit (israélo-palestinien) en deux ou trois semaines», a-t-il dit. «Le facteur temps est important mais ou nous avons un accord sur toutes les questions ou nous n'avons pas d'accord », a souligné de son côté le négociateur palestinien Saeb Erekat à Ramallah. Un proche collaborateur d'Abbas, Yasser Abed Rabbo, avait déclaré dimanche dans la matinée qu'il était «prématuré de parler d'un document». «Les divergences sur les questions de fond sont encore très prononcées », avait-il ajouté. La ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni, considérée comme la favorite pour la succession d'Olmert, a déclaré dans la semaine que les divergences entre les parties ne devaient pas empêcher la conclusion d'un accord. Elle s'exprimait à l'occasion de la visite, mardi, de la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice. Cette dernière a appelé à ne pas entraver la bonne marche des négociations, demandant notamment à Israël de cesser les activités de colonisation. Selon un conseiller d'Abbas, Rice a formulé plusieurs propositions lors de cette septième visite depuis le début de l'année au Proche-Orient et celles-ci devaient être évoquées par Olmert et le président palestinien. Ces propositions incluent notamment un échange de territoires et la définition des contours d'un futur Etat palestinien sur les frontières d'avant la guerre des Six Jours de 1967, tout en tenant compte des colonies israéliennes de Cisjordanie. La question de Jérusalem, que les deux camps revendiquent comme capitale légitime, serait débattue en même temps que celle des frontières, mais les sites religieux feraient l'objet d'une discussion ultérieure, a ajouté ce conseiller. Selon le quotidien israélien Haaretz, Olmert aurait l'intention de proposer à Abbas que la question de Jérusalem soit placée sous supervision internationale. Le conseiller d'Abbas a également avancé que les Etats-Unis entendaient réfléchir avec leurs partenaires internationaux à un système de compensation pour les réfugiés palestiniens et déterminer dans ce cadre combien d'entre eux seraient autorisés à revenir sur ce qui est désormais le territoire israélien. • Ari Rabinovitch (Reuters)