Dans le cadre de la 23ème session de l'Université d'été Al Moatamid Ibn Abbad, un hommage a été rendu au poète Mahmoud Darwich, marqué par des témoignages émouvants d'intellectuels et hommes de lettres. Le secrétaire général de la Fondation Forum d'Asilah a annoncé à l'occasion de l'hommage rendu au poète Mahmoud Darwich, qu'il soumettra au conseil municipal d'Asilah, dont il est le président, une proposition de baptiser l'un des jardins de la ville d'Asilah au nom de ce grand poète. A cette occasion, le secrétaire général de la Fondation Forum d'Asilah, Mohamed Benaissa, a salué la mémoire du «poète de l'humanité» Mahmoud Darwich qui a consacré sa vie à la poésie et à la défense de la cause du peuple palestinien. «Il devait être parmi nous aujourd'hui à Asilah mais le destin a voulu autrement», a-t-il dit, précisant qu'une invitation avait été adressée à Mahmoud Darwich pour participer à cette édition. «Elle aurait pu être sa deuxième visite à Asilah après celle de 1979, alors que le moussem culturel de la ville n'était qu'à ses débuts », a-t-il ajouté, rappelant que «Mahmoud Darwich avait enchanté le public lors cette édition par ses poèmes, sa noblesse et son humanité, apportant ainsi une grande contribution à la réussite de cette manifestation». «J'ai la chance de dormir seul, de pouvoir écouter mon corps, de croire que j'ai le don de découvrir la douleur et d'appeler le médecin, dix minutes avant la mort, dix minutes suffisent pour vivre par hasard, pour décevoir le néant, Qui suis-je pour décevoir le néant ? Qui suis-je ? Qui suis-je ? », écrivait dans son poème feu Mahmoud Darwish à qui le Moussem culturel international d'Asilah a rendu un vibrant hommage. Dans son poème «Le joueur de dés», Mahmoud Darwich, décédé samedi aux Etats-Unis à l'âge de 67 ans, évoquait ce cœur fragile, cette malformation des artères dont il avait hérité, disait-il, comme de sa timidité maladive et du doute permanent qui l'habitait sur lui-même, son statut de poète... «Si l'homme est parti, sa voix ne se taira pas», a déclaré, pour sa part, l'ancien ministre égyptien des Affaires étrangère Ahmed Maher, précisant que la voix de Darwich s'est toujours élevée pour défendre la cause du peuple palestinien qui a beaucoup souffert. «Mahmoud Darwich a toujours porté le flambeau de l'espoir, de l'action et de l'expression des revendications des Palestiniens, de part sa conviction de la légitimité de la cause», a-t-il relevé, ajoutant que «si nous pleurons aujourd'hui sa perte, nous nous tarderons pas à essuyer nos larmes pour reprendre ce flambeau pour un avenir meilleur». Pour le rédacteur en chef de la revue «Al Arabi» (Koweit), Soulaïman Al Askari, l'absence physique du poète n'aura pas d'impact sur le rayonnement qu'il a créé à travers ses poèmes et sa défense de la cause palestinienne. «Si Darwich a été fortement critiqué à un moment pour avoir quitté la Palestine, ses détracteurs l'ayant accusé d'avoir abandonné la cause palestinienne, il a su prouver qu'il avait raison de partir ailleurs pour mieux servir la cause», a-t-il soutenu. «Jouissant d'une grande popularité, Darwich a réussi à attirer l'attention du monde sur la légitimité des revendications du peuple palestinien », a-t-il ajouté. De son côté, le critique littéraire tunisien Salah Fadl a indiqué que le nom de Mahmoud Darwich est devenu une icône et un mythe dans le domaine de la création poétique dans le monde arabe. «Dès son jeune âge, il était un pionnier de la poésie et a pu développer un style unique en s'inspirant d'abord de la langue d'Al Moutanabi et de la capacité communicative de Nizar Kabbani, avant de verser dans l'abstraction tout en restant fidèle à la cause palestinienne» a-t-il souligné. Abondant dans le même sens, Hassouna Mosbahi, romancier et journaliste tunisien, a relevé que Mahmoud Darwich est resté attaché à l'esprit poétique sans s'éloigner pour autant de la cause du peuple palestinien. «Il a eu le mérite de moderniser la poésie arabe en s'inspirant de toutes les expériences poétiques dans le monde», a-t-il ajouté. L'écrivain marocain Moubarak Rabie a souligné, pour sa part, que «la voix de Mahmoud Darwich reflète la force de la vie», ajoutant qu'il avait cette capacité de prendre position, de convaincre et de trancher. «Mahmoud Darwich a su implanter la Palestine dans le cœur de chacun de ses lecteurs», a-t-il dit, notant que ses poèmes sont «uniques» de par leurs rythmes, la langue utilisée et la simplicité du style. L'artiste irakien Samuel Shimon, qui a beaucoup côtoyé par le passé Mahmoud Darwich, s'est attardé sur ses souvenirs avec le poète., a-t-il dit.