Du 30 mai au 1er juin, Tafilalet renoue avec la magie du verbe à l'occasion de l'organisation de la 14ème rencontre Sijilmassa du melhoun à Erfoud. Le programme de la 14ème rencontre Sijilmassa du melhoun, la magie enchanteresse des vers, initiée par le ministère de la Culture en partenariat avec la province d'Errachidia, regroupe pour cette nouvelle édition des orchestres et troupes du melhoun les plus en vue sur la scène musicale nationale, notamment les associations Si Thami M'daghri (Fès), Haj Omar Berri (Taroudant), Ahmed Bourqia (Azemour), Ziryab (Oujda), Al Walae Al Filali (Errachidia), Al Asala (Meknès) et Al Watar de musique (Salé). La 14ème rencontre Sijilmassa du melhoun rendra hommage à l'une des grandes figures de cet art du verbe (nadim) et de l'interprétation l'artiste Mohamed Laânaya. Le rideau de cette édition, se lèvera avec le concert de l'association «Al Walae Al Filali» (Errachidia). Le programme prévoit aussi une conférence inscrite sous le thème «Le melhoun dans la civilisation marocaine» animée par Abdelilah Laghzaoui et Salem Abdessadeq. Cette rencontre mettra l'accent sur cet art millénaire qui a su traduire, esthétiquement, par toutes les formes de la rhétorique, les multiples genres artistiques, à la base de la civilisation marocaine, entre autres l'architecture, l'art culinaires, l'habit traditionnel, l'art de recevoir, l'art d'aimer, l'art de décrire la beauté sous toutes ses manifestations possibles... Le melhoun est donc cette forme des plus élaborées en matière de versification en arabe dialectal marocain. Il constitue un vaste répertoire de poèmes que perpétue une tradition de chants et de manuscrits et qui, au fil des siècles, s'est distingué par ses prouesses poétiques et métriques. Historiquement, le berceau du melhoun est, de l'avis des spécialistes, la région du Tafilalet. De là sont issus les grands poètes qui, en émigrant vers les grandes villes du Maroc, permirent à cet art de rayonner et de se développer avec le soutien d'un corps d'artisans et de métiers d'art mais aussi avec le contact des autres arts citadins. La rencontre du melhoun avec le «zajal andalou», les «mouwachahat» et la poésie classique le fit progresser en développant de nouveaux thèmes, de nouveaux mètres et rythmes et une versification savante et riche. La 14ème rencontre Sijilmassa du melhoun rendra donc compte de toutes ces caractéristiques. En plus des soirées musicales et de la table ronde, prévues pour cette nouvelle édition, les organisateurs programment des soirées de compétition quant au chant du melhoun pour les jeunes de moins de 18 ans et dont les trois premiers recevront des prix symboliques. La soirée de clôture aura lieu, dimanche 1er juin, à la maison des recherches et études alaouites. Elle sera orchestrée par les concerts des associations, Zyriab, Ahmed Bourqia, Al Watar de la musique. Expression d'une mémoire collective, plusieurs fois séculaire, le Melhoun, qui sera célébré dans son berceau, est en soi une référence à une culture populaire complexe où coexistent religieux, profane et fantastique. Ce trésor, qui est, certes, un art du sens et du texte, ne peut se réduire à la seule poésie ou musique exprimant les sentiments. Il est la mémoire qui enrichit le patrimoine culturel du pays, instruit ses enfants et appelle les Marocains à s'attacher à tout ce qui est beau et sublime.