Alors que le sport national, en vogue, c'est le dénigrement systématique, la démoralisation permanente et le ressentiment gratuit, il y a lieu de prendre acte, avec fierté, si nécessaire, de ce qui se passe chez nous notamment dans les télécommunications. Le téléphone est une affaire qui marche au Maroc. C'est l'une des plus belles réussites de notre pays ces dernières années. Les chiffres annoncés, vendredi dernier, par Abdeslam Ahizoune, le président du Directoire de Maroc Télécom, attestent d'une manière on ne peut plus claire notre vitalité dans ce domaine. Le premier opérateur marocain, deuxième en Afrique, annonce un chiffre d'affaires pour 2001 de 14 milliards de dirhams, et un plan d'investissement, jusqu'en 2005, de 11, 5 milliards de dirhams. Qui dit mieux ? Au-delà de la légitime satisfaction que peuvent tirer les dirigeants de cette entreprise de ces résultats, il faut bien, pour notre part, que l'on puisse tirer les leçons de cette belle réussite pour notre pays. Alors que le sport national, en vogue, c'est le dénigrement systématique, la démoralisation permanente et le ressentiment gratuit, il y a lieu de prendre acte, avec fierté, si nécessaire, de ce qui se passe chez nous notamment dans les télécommunications. On ne pourra pas arrêter le jeu de massacre car les motivations des cassandres sont d'ordre plus pathologique qu'idéologique, mais on a l'obligation morale, voire le devoir civique, de souligner ce qui marche chez nous, les étapes franchies, les initiatives fécondes, et le chemin parcouru. La réussite de Maroc Télécom ne pouvait intervenir que parce qu'il y a un État qui fonctionne et qui est crédible, un environnement juridique sain et régulé, un gouvernement compétent qui fait appliquer la loi, des professionnels du secteur ouvert et aguerris, et un marché solvable et mûr. Ce sont là les vrais facteurs qui ont permis cette réussite. Il ne faut pas les changer. Maintenant, il est possible de théoriser, sans excès d'enthousiasme, cette recette et la reproduire, avec autant de succès, dans d'autres secteurs. Mais pour y arriver il faut rompre radicalement avec les discours défaitistes, les propensions à la démolition et la culture de l'échec. Les gens, dit-on, n'aiment pas les bonnes nouvelles et la célébration des choses qui marchent, tant pis ! Ils auront quand même les bonnes nouvelles et la célébration des choses qui marchent, annoncées avec autant de rigueur, que ce qui ne marche pas, que ce qui est critiquable et que ce qu'il faut changer. Il y a aussi des trains qui arrivent à l'heure dans ce pays. Des gens qui paient leurs factures. Un éclairage public qui fonctionne. Un téléphone qui marche. Des policiers dans les carrefours. Des journaux dans les kiosques. N'en déplaise à certains, il y a, finalement, un pays qui vit normalement. Et qui, bien entendu, aspire à mieux vivre, à mieux devenir et à mieux être. Mais faire plaisir, aujourd'hui, aux tenants de la pensée « inique » c'est, forcément, dire d'un ton morbide et compassé, que tout est foutu, que rien ne marche, que tout est raté et semer le doute, la zizanie et l'inquiétude. On doit refuser ce plaisir-là. Il y en a d'autres. Le Maroc mérite mieux que les jérémiades puériles qui préparent l'arrivée de faux prophètes, de vrais imposteurs et de sauveurs dangereux. La démocratie, l'Etat de droit, la solidarité, l'esprit d'entreprise, la liberté d'expression n'ont jamais été aussi bien trahis que par ceux-là même qui font de ces valeurs un fonds de commerce lucratif. Un outil de chantage permanent. Et une rente personnelle de situation. Par contre, on ne pourra jamais marginaliser ou faire douter ceux qui croient sincèrement à ces valeurs et qui les défendent au quotidien par leur éthique personnelle, par leur engagement désintéressé, ou par leur travail acharné. Ils sont les plus nombreux, et c'est, peut-être, cela la vraie chance de ce pays.