Les chevillards de Laâyoune sont mécontents. L'ampleur que prend l'abattage clandestin nuit à leur commerce. Pour protester, ils ont boycotté la vente de la viande de dromadaire. Les dizaines de chevillards que compte la ville de Laâyoune s'insurgent contre la vente de la viande au marché noir face à laquelle, disent-ils, les services concernés restent inertes. Les chevillards affirment que ce marché parallèle porte atteinte à la santé des citoyens et à leur commerce. Les chevillards ont alors boycotté la vente de la viande de dromadaire les jeudi et vendredi 25 et 26 octobre, mesure qui s'est répercutée sur la consommation de cette viande très demandée dans cette région du Royaume. Ces chevillards menacent de multiplier leur action dans les jours à venir si les services vétérinaires restent «indifférents» face à l'ampleur que prend cette situation. Selon ces chevillards, la viande clandestine est vendue partout dans la ville au prix de 30 ou 40DH le kilogramme, alors que dans les boucheries autorisées, le tarif est fixé à 60DH. Le consommateur, séduit par de petits prix, opte pour la viande aux origines inconnues même si elle ne répond pas aux conditions d'hygiène exigées. «C'est une concurrence déloyale qui se répercute sur notre commerce, on ne peut pas résister longtemps dans ces conditions. On se retrouvera au chômage si ce commerce continue avec cette cadence», confie à ALM Ahmed, un des chevillards. La viande clandestine est vendue en plein public et sous les yeux des autorités, d'après les chevillards, implantés, pour la majorité d'entre eux, dans le marché d'Arhayba. Les clandestins font de leurs propres maisons des abattoirs clandestins, car ils n'ont pas besoin d'intermédiaire et effectuent l'ensemble des tâches nécessaires : achat du bétail, abattage et vente. Souvent, leurs locaux sont situés dans des zones éloignées de la ville. D'après les chevillards, d'autres revendent la viande distribuée par l'Etat sous forme d'aide aux profits des habitants dans certains quartiers de Laâyoune, notamment la viande de bœuf et de dromadaire. Qu'il s'agisse de viande caprine, cameline et ovine, tous ces animaux sont abattus dans des abattoirs clandestins loin des services vétérinaires et leur viande est disponible en quantité suffisante dans tous les souks de la ville. Le gain facile procuré par ce commerce justifie qu'un nombre important de personnes, notamment les jeunes chômeurs, en font leur activité principale. Aujourd'hui, une vingtaine de personnes exerce ce métier dans les souks de Laâyoune. Selon les chevillards, mais aussi les vétérinaires, cette viande clandestine est une véritable menace pour la santé publique, du fait qu'une bête malade peut transmettre facilement de nombreuses maladies graves telles la tuberculose, l'hépatite C et autres maladies.