Des Marocains construisent un bidonville dans un quartier périphérique de Madrid et crient au scandale lorsqu'ils sont délogés par les autorités locales. La police espagnole, qui s'était déplacée, le 18 octobre, au quartier périphérique de «La Cañada Real» de la capitale espagnole afin de déloger des habitants de quelques dizaines de logements anarchiques s'était retrouvée en face de 200 personnes pour la majorité des Marocains dont des femmes et des enfants. Ces derniers se sont affrontés aux forces de l'ordre espagnoles avec tous les moyens que l'on peut imaginer dans de pareilles circonstances. «Nous nous sommes retrouvés face à une Intifada», dira un représentant du syndicat de la police nationale espagnole dans une déclaration à la presse. Du côté des habitants du quartier, l'intervention des autorités est jugée injuste et ils sollicitent la solidarité des associations de défense des immigrés et celle des autorités marocaines. Ils invoquent une prétendue hostilité des autorités madrilènes étant donné qu'il s'agit d'élus de la droite espagnole. Mais, l'affaire est bien plus compliquée. «Nous avons décidé de mettre fin à la bidonvilisation », c'est ce que le maire de Madrid avait déclaré après l'adoption par le conseil municipal de la ville d'une décision visant la destruction des constructions anarchiques qui se sont multipliées ces dernières années dans la périphérie de la capitale espagnole. Alberto Ruiz-Gallardon, un des plus brillants cadres du Parti populaire espagnol et qui espérait être le candidat de ce parti au poste de président du gouvernement lors des élections législatives de février prochain, avait fait ces déclarations en août dernier. Depuis, plusieurs démarches officielles obligatoires dans ce genre de dossiers ont été entreprises avant de procéder à la démolition des baraques et des constructions anarchiques qui ont envahi l'espace madrilène. Il s'agit de près de 2000 baraques habitées par quelque 30.000 personnes dont la majorité est d'origine marocaine. La majorité de ces logements ont été construits dans la région de «La Cañada Real». Justifiant cette décision, M. Gallardon avait indiqué que «La Cañada Real est un problème très sérieux et si nous ne réagissons pas maintenant, il peut se transformer en une plaie très difficile à cicatriser dans le futur». Mais, pour guérir un mal, généralement on procède en deux étapes. D'abord, on commence par une cure médicamenteuse. Ensuite, si le mal persiste, on a recours à la chirurgie. À la mairie de Madrid, il a été procédé dans le respect de cet ordre : avertissements adressés aux habitants du quartier anarchique en question, recours à la justice et attente d'un verdict approuvant la démolition… Et quand, au bout de toute cette procédure, le mal n'avait pas été éradiqué, on a recouru à la chirurgie. Une démarche légitime dans un Etat de droit. Car, comment peut-on demander à une mairie de tolérer la multiplication de constructions anarchiques sur son territoire. Vouloir transformer «La Cañada Real» en bidonville et exiger de l'Etat marocain de soutenir cette revendication est d'une absurdité totale.