Nicolas Sarkozy, qui est arrivé à Marrakech le cœur brisé en bandoulière et le moral en berne, en est reparti ragaillardi, prêt à mener les combats et à faire face à tous les affronts. Encore une fois, le Maroc n'a pas failli à sa réputation que lui envient beaucoup : d'être une terre où les présidents français peuvent se reposer, se redynamiser et repartir après avoir fait le plein d'énergie et de bonnes décisions. C'était, sans nul doute, le cas du président Jacques Chirac qui, à chaque fois que le ciel hexagonal s'assombrissait devant lui, que la météo sociale et politique devenait orageuse, s'envolait discrètement vers le sud du Maroc pour y goûter sa magie réparatrice. C'est assurément le cas du président Nicolas Sarkozy, qui, arrivé à Marrakech le cœur brisé en bandoulière, le moral tellement en berne qu'une extinction de voix était inévitable, en est reparti ragaillardi, prêt à mener tous les combats et à faire face à tous les affronts. Il est vrai que contrairement à une tradition qui veut que les visites d'Etat soient clôturées par une pompeuse conférence de presse, la première de Nicolas Sarkozy au Maroc a failli à cette règle. Non pas que le président français soit allergique à cet exercice, bien au contraire tout au long de sa carrière politique et encore plus depuis son installation à l'Elysée, il avait montré un appétit vorace pour les journalistes et leurs questions gratte-poils qui permettent de s'épancher délicieusement, hors des sentiers battus et formatés des discours. A Marrakech, Nicolas Sarkozy remplaça cette coutume par un des ces fameux entretiens isolés, dits «off» avec les journalistes où tout ce qui est dit est officiellement destiné à rester confidentiel mais encouragé vivement, en sous-main, à une propagation maximale. Et alors que les journalistes attendaient sagement que le président Nicolas Sarkozy puisse venir leur murmurer dans l'oreille, hors caméras agressives et micros indiscrets, son état d'esprit, le voilà qui déboule dans la salle avec un surprise de taille : Il était accompagné du champion marocain Hicham El Guerrouj. Hicham était tiré à quatre épingles, costume et cravate de circonstance. Avec son sourire angélique et son regard pétillant, il irradiait de joie d'être aux côtés du président de la république qui manifestement était satisfait de l'effet provoqué par son cadeau surprise. Nicolas Sarkozy a ensuite dit, avec des mots de midinette et une posture de fan-club toute son admiration pour les exploits de Hicham Al Guerrouj : «Plus qu'un champion, un monument». «Quand lui marche, moi je cours». Et pendant il toute cette rencontre, notre champion El Guerrouj, assis à sa droite, suivait avec intérêt les explications données par Nicolas Sarkozy sur les raisons de l'échec de l'avion Rafale, et détailler la future stratège militaro-industrielle de la France. Et pendant que le président parlait, le ministre des Affaires étrangères dodelinait de la tête, accompagnant chaque affirmation du président par une mimique approbative ou un geste singulier à tel point que le spectacle rappelait les écrans de télévision où, à côté du présentateur principal, un autre en bas de l'écran expliquait en langage des signes le contenu aux sourds-muets. Tout cela se passait sous le tendre regard de Rachida Dati pour qui cette visite ressemblait déjà à un merveilleux conte de fée. Issue d'une modeste famille d'immigrés, la môme de Chalon-sur-Saône, élégante et talentueuse, est non seulement devenue ministre de la Justice mais, suprême honneur, dîne à la table du Roi et des Princesses. L'histoire de son ascension, un roman à l'eau de rose, mélange de destin magique et de ténacité humaine, reste encore à écrire. Et puis, bien sûr vint l'inévitable question sur l'état d'esprit des sentiments du président de la république après son divorce avec Cécilia : «Allez-vous bien?» a osé une journaliste. Nicolas Sarkozy se lance dans une digression «Je n'ai pas à répondre… J'essaie de faire mon travail le mieux possible. Je suis un peu désolé pour vous que vous vous laissiez aller à tant de commentaires et de spéculations ; si je souris, vous écrivez que j'en fais trop ; si je ne souris pas, vous écrivez: Il va mal. Je ne fuis pas, je vous demande un peu de recul. Je sais depuis longtemps qu'il y a une différence entre la bulle autour de moi et le reste du pays». Et pendant que Nicolas Sarkozy répondait , les journalistes présents n'avaient d'yeux que pour ses doigts mouvants dont l'un portait toujours de manière ostentatoire…la bague de mariage.