Najib Handala est guitariste, compositeur et leader du groupe Gnawa Storm. Il a reçu ses premiers cours de guitare chez Deep Purple, mais ne cache pas son attachement au patrimoine musical marocain des Gnawa et à son identité arabo-africaine. ALM : Pourquoi avez-vous choisi le style Gnawa, après être déjà monté sur la scène Rock sous le nom de G'N'Sharks ? Najib Handala : C'étais une première expérience lors de l'édition 2002 du Boulevard des jeunes musiciens. Nous avons joué des compositions rock en anglais et en darija. C'était notre première sortie artistique. Nous avons décidé de changer de style car le rock nous éloigne du public marocain. Mais nous avons gardé les mêmes influences musicales de Heavy Metal. Nous avons également ajouté certains repères de notre musique, notamment la musique Gnawa, ainsi que des influences de Lamchaheb et de Nass el Ghiwan. Il en a résulté une sorte d'adaptation qui exprime notre lot quotidien de joie, de tristesse et d'espoir. Au bout de quatre années d'existence, quelles ont été les réalisations de Gnawa Storm ? En dehors des concerts et des festivals auxquels nous avons été invités, le premier prix du Boulevard des jeunes musiciens en 2003 reste le vrai point de départ de Gnawa Storm. Par la suite, et après la participation au Festival International d'Essaouira, Gnawa Storm a signé son premier album «Mal Ennass», avec une maison de production française qui nous a raflé tous nos droits. L'année 2004 était ainsi une année de souffrance. En 2005, nous avons pris un nouveau départ en enregistrant le premier tube du deuxième album «Because we love Morocco». Nous avons récemment enregistré le dernier opus «Fehmouna». Un album avec des sonorités purement marocaines. La première chanson de cet album porte le nom de «Goulou el âame zine». Nous y dénonçons l'instrumentalisation de l'art dans les rouages des élections. L'idée de collaborer avec d'autres groupes marocains ne vous a jamais tentés ? Au contraire, cette idée est très présente. Nous gardons de bonnes relations avec tous les groupes, et notre porte reste grande ouverte pour une bonne collaboration. Il faut juste que le projet soit intéressant, créatif et prometteur. Nous avons été contactés par des groupes de Casablanca et d'autres villes, mais les discussions sont dans les phases préliminaires. Il est fort possible qu'on collabore avec des rockers casablancais et des troupes de Gnawa et de world musique. Nous sommes en effet faciles à aborder. J'estime que l'artiste doit être humble, pour élargir sa sphère de connaissances, ses contacts, et pour favoriser la promotion de la culture musicale marocaine. Comment décrivez-vous la scène musicale marocaine actuelle ? Le mouvement a bien démarré. Il y a ceux qui font du bon boulot comme les Meknassis de H-Kaine, dont le mélange entre le rap, le hip hop et la musique d'origines «Roots» est plus que magnifique. Les autres aussi essayent de mieux faire, mais le problème est qu'il y a beaucoup de groupes qui font du copier-coller. Il n'y a pas de créativité. Même pour les nouveaux groupes qui doivent assurer la relève, ils ne font qu'imiter les autres. Les paroles sont une denrée rare. Il y a peu de chansons qui te font vibrer. Le langage des rues a éclipsé les vrais mots et malheureusement le public adhère. Certes, nous avons des talents, un potentiel et un patrimoine riche qu'il faut explorer, mais la communication fait défaut entre les groupes marocains. Quels sont les projets à venir de Gnawa Storm ? Nous nous préparons pour une tournée nationale et continentale. Nous animerons un spectacle privé à Abidjan du 27 au 29 octobre. Ce sera l'occasion pour nous de nous ressourcer. Après, nous enchaînerons avec une série de concerts pour faire la promotion de notre nouvel album.