Le conseil national de l'USFP a mandaté le bureau politique pour négocier la participation du parti au gouvernement, mais il a posé plusieurs conditions. La direction de l'USFP a réussi à décrocher le feu vert du conseil national pour participer au gouvernement. Réuni, jeudi et vendredi derniers, l'assemblée socialiste, l'instance la plus importante du parti après le congrès, a mandaté le bureau politique pour négocier la participation au gouvernement Abbas El Fassi. Grand perdant des législatives de 2007 (38 sièges), le parti de la Rose s'est toutefois mis en position de dicter des conditions pour participer au prochain gouvernement. Lors des travaux du conseil, la question qui a suscité le plus de débat est celle relative aux conditions que le parti pose à sa participation. « Le bureau politique a su imposer son point de vue même si le résultat des élections était des plus décevants de l'histoire de l'USFP », commente un jeune cadre du parti opposé à l'idée de toute participation. Le bureau politique a en tout état de cause su comment se remettre en selle pour faire valider l'option de la participation mais aussi se mettre en situation de dicter des conditions. Or, quelles conditions ont-elles été arrêtées par l'USFP pour participer au prochain gouvernement ? Trois préalables sont évoquées : l'architecture gouvernementale, le nombre et le genre de ministères dont il sera chargé. S'agissant du dernier volet, des sources bien informées révèlent que l'USFP compte partager les portefeuilles équitablement entre les vieux caciques et les nouveaux quadras. Il faut ainsi s'attendre au retour de Mohamed Elyazghi et Fathallah Oualalou, et à l'arrivée de l'ex-président de la Chambre des représentants, Abdelouahed Radi. Le ministre sortant de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Habib El Malki, n'est pas sur la liste des postulants, indique une source à l'USFP. Abdelouahed Radi devra, quant à lui, céder son fauteuil de président de la Chambre des représentants, brigué fortement par le Mouvement populaire (41 sièges), en postulant cette fois-ci pour le poste de ministre de l'Agriculture. Le nom de l'ancien argentier du pays, Fathallah Oualalou, est également cité. Des sources à l'USFP évoquent son retour dans le cabinet El Fassi pour occuper de nouveau le poste de ministre des Finances et de la Privatisation. Fort aujourd'hui du « plébiscite » de son conseil national, le premier secrétaire de l'USFP, Mohamed Elyazghi, serait également de retour, selon les mêmes sources. Mais il s'agira d' «un retour en force», affirme son entourage évoquant sa candidature à l'un des ministères dits de «souveraineté», dont celui des Affaires étrangères et de la Coopération. Les «anciens» se feront accompagner par un bataillon de nouveaux visages. Le nom de Mohamed Ameur, ancien directeur de communication, est proposé pour occuper un nouveau poste qui sera rattaché au ministère de l'Habitat, à savoir le secrétariat d'Etat chargé de la Ville. Autre nom favori, celui de Khaled Al Hariri qui a participé à l'élaboration du programme électoral de l'USFP. M. Hariri serait candidat au ministère du Commerce. Par ailleurs, l'USFP compte mettre dans la course aux portefeuilles l'ex-présidente de l'association des femmes entrepreneurs, Salwa El Qarqri. Cette dernière serait proposée au poste de secrétaire d'Etat chargé des PME/PMI. En ce qui concerne Ali Bouabid, qui a participé aux côtés de M. Hariri à l'élaboration de la plate-forme économique du programme électoral de l'USFP, des sources à l'USFP affirment qu'il a décliné une proposition qui lui aurait été faite pour faire partie des membres du gouvernement. Ali Bouabid aurait invoqué la faiblesse du score électoral de son parti. Ainsi, l'USFP aura choisi d'occuper les principaux ministères du pôle économique. Au-delà du nombre et du genre des ministères convoités, l'USFP a posé d'autres conditions à sa participation au futur gouvernement. Il s'agit notamment de la composition de la majorité. Ainsi, la participation de l'USFP au prochain gouvernement, cautionnée récemment par le conseil national de ce parti, a éliminé de facto toute éventualité concernant la présence du parti de la justice et du développement (PJD) au prochain cabinet. Les amis de Saâd Eddine El Othmani, de leur côté, ont d'ores et déjà annoncé qu'ils ne feront pas partie de la nouvelle majorité. Le parti islamiste a déjà promis à ses militants qu'il compte rester dans l'opposition. Une opposition plus forte, avait promis le secrétaire général du parti dans une déclaration à la presse. La bataille ne fait que commencer.