L'Arabie saoudite ont confirmé leur participation à la Conférence internationale sur le Proche-Orient qui se tiendra en septembre, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU. Lors de la tournée qu'elle a effectuée en Arabie Saoudite, en Egypte, en Israël et dans les territoires palestiniens, la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a obtenu un résultat important. À l'issue de son séjour à Riyad, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud al Faysal, lui a indiqué que son pays participera à la conférence internationale sur le conflit israélo-arabe annoncée, à la mi-juillet, par le président George Bush. Un refus des Saoudiens aurait constitué un coup dur pour l'Administration américaine et aurait signé la mort de ce projet par lequel le chef de l'exécutif américain souhaite marquer les derniers mois de son mandat. Leur acceptation met un terme aux rumeurs qui ont couru récemment sur l'existence de frictions diplomatiques entre les deux pays, certains milieux néo-conservateurs américains accusant Riyad de s'opposer à l'action des Etats-Unis en Irak et d'apporter un soutien discret aux milieux sunnites locaux. L'implication des Saoudiens dans la préparation de cette conférence serait plus importante qu'on ne le pense. D'après des indiscrétions parues dans la presse israélienne et les journaux arabes de Londres, des contacts secrets auraient eu lieu entre Israéliens, Egyptiens et Saoudiens pour établir l'ordre du jour de cette conférence. Riyad souhaite en particulier qu'elle aborde les questions dont la «Feuille de Route» du Quartette international avait repoussé l'étude à la phase finale des discussions bilatérales entre Israéliens et Palestiniens. Il s'agit notamment du statut de Jérusalem, de la délimitation des frontières et du problème du droit au retour des réfugiés. Quant à la Syrie, elle a conditionné sa présence à cette réunion au fait que sera étudiée la restitution à Damas du plateau du Golan, occupé par Israël depuis 1967. Cette importante avancée a été rendue possible par l'annonce de la signature d'un contrat de fourniture d'armes à Riyad et à 5 Etats du Golfe arabo-persique, pour un montant de 20 milliards de dollars, afin de permettre aux pays concernés de contenir l'expansionnisme chiite iranien dans cette région et assurer à cette région une stabilité que le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a qualifiée «d'objectif vital pour les intérêts américains». Cette prise de position est, selon deux analystes israéliens du quotidien Haaretz, la conséquence d'un changement radical de stratégie de la part de l'Administration américaine. Cette primauté accordée à la stabilité des pouvoirs locaux et au soutien politico-militaire des monarchies du Golfe tire un trait sur la politique américaine de ces dernières années et sur les tentatives soutenues par Condoleezza Rice de faire avancer la démocratisation des régimes concernés. L'acceptation par les Saoudiens de leur participation à la Conférence, qui devrait se tenir en marge de l'Assemblée générale annuelle de l'ONU, en septembre, devrait conduire de nombreux pays arabes modérés à se rallier à cette initiative. Les Saoudiens acceptent de participer à la Conférence mais leur crainte de Riyad reste que le Congrès américain ne fasse obstacle à cette fourniture d'armes comme il s'était opposé à la vente d'avions de surveillance Awacs à l'Arabie Saoudite en 1981. D'ores et déjà, le Premier ministre israélien Ehoud Olmert a clairement fait savoir que son gouvernement ne mettait pas son veto à cette aide américaine aux Etats du Golfe considérés comme appartenant à «l'axe de la modération» par opposition à «l'axe du mal» incarné à ses yeux par Téhéran et Damas. Dans le même temps, Ehoud Olmert et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas ont fait connaître leur volonté de parvenir, avant la réunion de la Conférence, à la conclusion d'un accord de principe sur la création d'un Etat palestinien et révélé au passage que leurs discussions à ce sujet avaient progressé ces dernières semaines. Autant de raisons qui autorisent un optimisme prudent quant à la tenue effective de cette Conférence. À condition toutefois que celle-ci ne soit pas un simple événement médiatique mais permette de profondes avancées afin de mettre fin au conflit israélo-palestinien, principal obstacle à une stabilisation effective d'un Proche-Orient menacé.