La Palme d'Or de la soixantième édition du Festival de Cannes est roumaine. Le film «4 mois, 3 semaines et 2 jours» de Christian Mungiu a remporté la plus prestigieuse récompense sur la Croisette. Christian Mungiu n'en croît pas ses yeux. Son film à petit budget «4 mois, 3 semaines et 2 jours» a été primé à la soixantième édition du Festival de Cannes. La prestigieuse Palme d'Or lui a été remise des mains de l'actrice Jane Fonda. En s'adressant au public, dimanche 27 mai lors de la cérémonie de remise des prix, le réalisateur roumain a déclaré d'une voix pleine d'émotions : «Pour moi c'est un peu un conte de fées», avant d'ajouter : «J'espère que cette Palme d'or sera une bonne nouvelle pour les petits cinéastes des petits pays, car il semble enfin qu'on n'ait plus besoin de gros budgets et de grandes stars pour faire une histoire que tout le monde écoutera». Stylistiquement épuré, ce film au mince budget de 600.000 euros, est un récit cru et puissant d'un avortement interdit sous le régime communiste. "Quatre mois, trois semaines et deux jours" se déroule en effet dans la Roumanie de Ceaucescu, où l'avortement est interdit. Une jeune étudiante, Gabita interprétée par Laura Vassiliu, devra au courage de sa camarade de chambrée Ottila (Anamaria Marinca) de pouvoir avorter sans trop de dégâts. Ce faisant, le jury présidé par le réalisateur Stephen Frears a considéré que Mungiu a dressé l'un des plus admirables portraits de femmes de la sélection. Le Grand prix du 60e Festival de Cannes , la plus haute distinction après la Palme d'or, a été décerné à «La forêt de Mogari» de la cinéaste japonaise Naomi Kawase, 38 ans, avait auparavant annoncé le président du jury Stephen Frears. Le jury a aussi récompensé l'acteur russe Konstantin Lavronenko, pour «Le Bannissement» d'Andreï Zviaguintsev, et l'actrice coréenne Jeon Do-yeon, héroïne de "Secret Sunshine" de Lee Chang-dong. Le prix de la mise en scène a été attribué quand à lui au film "Le scaphandre et le papillon", portrait d'un homme paralysé, une production française tournée par l'Américain Julian Schnabel, et le prix spécial du 60e anniversaire du Festival revient à «Paranoid Park» de l'Américain Gus Van Sant. Le prix du scénario va à «De l'autre côté» du jeune Germano-Turc Fatih Akin, 33 ans, déjà récompensé d'un Ours d'or à Berlin en 2004 pour «Head-on». Ce cinéaste en a profité pour lancer un appel à l'unité de la Turquie avant les législatives du 22 juillet. Le film d'animation «Persépolis», adaptation de la bande dessinée de la Française d'origine iranienne Marjane Satrapi et récit de la Révolution islamique de 1979, a obtenu le prix du jury, ex aequo avec «Lumière silencieuse» du Mexicain Carlos Reygadas. Marjane Satrapi a dédié sa récompense au peuple iranien. Le comité d'organisation du Festival de Cannes a décidé cette année d'innover en ajoutant un autre prix au Palmarès. Il s'agit du Prix du soixantième anniversaire du Festival de Cannes. Cette récompense a été décerné à l'Américain Gus Van Sant, pour l'ensemble de son œuvre. Ce dernier avait pour rappel remporté la Palme d'Or pour "Elephant" en 2003. Le Palmarés de cette édition 2007 de Cannes a surpris les cinéphiles. Cette grand-messe du cinéma avait pour habitude de consacrer le cinéma à grand budget . Pour fêter la soixantième année de sa naissance, le festival a fait preuve de générosité en primant le cinéma roumain et asiatique. Le palmarès - Palme d'Or : "Quatre mois, trois semaines et deux jours", de Cristian Mungiu (Roumanie) - Grand Prix : "La forêt de Mogari", de Naomi Kawase ( Japon) - Prix du 60e anniversaire : "Paranoid Park" de Gus van Sant (USA ) - Prix d'interprétation féminine : la Sud-Coréenne Do-Yeon Jeon, dans "Secret Sunshine" (Corée du Sud) - Prix d'interprétation masculine : le Russe Konstantin Lavronenko, dans "Le bannissement" ( Russie ) - Prix de la mise en scène : Julian Schnabel (USA) pour "Le scaphandre et le papillon" (France) - Prix du Jury : "Persepolis", de Marjane Satrapi ( Iran ) et Vincent Paronnaud (France), et "Lumière silencieuse", de Carlos Reygadas ( Mexique ), ex aequo - Prix du scénario : Fatih Akin ( Allemagne ) pour "De l'autre côté"