Pour cacher le visage hideux de l'esclavage qui sévit à Tindouf, le Polisario n'a pas trouvé mieux que d'arrêter deux journalistes australiens. Reporters sans Frontières (RSF) a dénoncé l'inacceptable black-out sur ce trafic humain infamant. Le Polisario encore une fois sur la sellette. Mais cette fois pour une affaire plus que scandaleuse : l'esclavage qui sévit dans le mouroir de Tindouf. La vérité sur cette infamie sort de la bouche de deux reporters australiens qui affirment avoir été «témoins de scènes et de pratiques d'esclavage» dans les camps de la honte. Témoignage accablant sur une pratique que le monde croyait enterrée avec la tristement célèbre «Traite des noirs», mais aussi sur la tentative désespérée des barbouzes polisariens, avec la protection de la Sécurité algérienne, pour camoufler cette triste réalité. Les deux journalistes, Violeta Ayala et Daniel Falshow, viennent de saisir à Paris Reporters sans Frontières (RSF), après avoir été arrêtés, interrogés, voire intimidés, dimanche dernier, par le directeur de la Sécurité du Polisario, Mohamed Wali Akeik au sujet de leur mission dans les camps de Tindouf. «A l'origine, nous nous étions rendus sur place (camps de Tindouf) pour travailler sur la problématique des familles séparées. Mais durant notre séjour, nous avons été les témoins de scènes d'esclavage», ont confié à «RSF» les deux reporters du quotidien australien «The Sydney Morning Herald». «En tant que journalistes, il est de notre devoir de dénoncer ces pratiques», ont-ills plaidé. Mais le devoir de journaliste, et l'exigence de vérité qui va avec, n'est à l'évidence pas du goût des nervis du Polisario. Les deux reporters ont été arrêtés dimanche dernier en possession d'un film documentaire sur l'esclavage et le racisme qui prévalent dans les camps des séquestrés. Synopsis digne d'un film noir : il s'agit d'un rapport esclavage-racisme au sein d'une même famille, divisée en deux en fonction de la couleur de la peau de ses membres. Les «esclaves noirs» appartiennent au «maître blanc». Il y a de quoi donner des sueurs froides aux parrains de ce commerce. La suite, il n'est pas difficile de la deviner. Le Polisario suivait les activités des deux reporters. En effet, ils ont été arrêtés dimanche dernier, soumis à un interrogatoire musclé et dépossédés de leur film. Leur sort aurait pu connaître un tournant tragique n'eût été l'intervention du ministre australien des Affaires étrangères, Canberra, qui a émis de «vigoureuses protestations pour faire relâcher» les deux ressortissants australiens. Libérés, ces derniers ont quitté Tindouf pour rejoindre le lendemain Paris. Dans un communiqué, rendu public mercredi dernier, Reporters sans Frontières, a confirmé les faits en dénonçant l'arrestation des deux journalistes. Dans ce communiqué, RSF a indiqué, sur la base d'informations qu'elle affirme avoir recueillies, que «les représentants du front Polisario auraient reproché» aux deux journalistes de «s'intéresser au sort des membres noirs de la population sahraouie». Reste maintenant, le sort de la famille qui a accueilli les deux journalistes à Tindouf. L'Association le Sahara marocain (ASM) a saisi, mardi dernier, le SG de l'ONU lui demandant «une intervention urgente et personnelle pour protéger la vie de la famille, qui a été au contact des journalistes», en soulignant que «personne, à ce jour, ne connaît ni son sort, ni le lieu de sa détention, sachant que 18 personnes parmi elles 4 enfants, 7 femmes dont deux enceintes ont été enlevées dans le cadre de cette affaire». Triste affaire.