Après l'échec du lancement de La Cinq en 1992, le groupe Lagardère se lance à nouveau dans l'audiovisuel en investissant dans une nouvelle chaîne. Le lancement de Match TV, lundi 10 décembre à Paris, a rassemblé quelque 1500 personnes. A 19 heures, Gérard Depardieu a inauguré la chaîne, disponible en exclusivité sur Canal Satellite et reprise sur la plupart des réseaux câblés. C'est en 1987 que A. Lagardère, patron des activités médias du groupe Lagardère, a entamé sa stratégie d'investissement dans l'audiovisuel. Il échoue comme candidat à la privatisation de TF1. Avec La Cinq en avril 1992, le groupe risque la faillite. Puis c'est un lent retour dans l'audiovisuel avec la constitution d'un bouquet de chaînes thématiques : Canal Jimmy, Tiji, Mezzo, La Chaîne Météo et Santé-Vie. Selon Arnaud Lagardère, Match TV, qui dépasse les 100 millions de francs de budget annuel, est une chaîne «semi-généraliste», à laquelle il ne manque que du sport, de l'information, et des variétés, pour ressembler à TF1, France 2 ou M6. Deux concurrentes pourtant se dessineraient à l'horizon : Paris Première et RTL9. Mais Match TV s'est fixé comme objectif d'être d'ici 2 ans, parmi les 5 premières chaînes du câble et du satellite en ciblant les 15-34 ans. Pour l'heure, la petite dernière est déjà un succès commercial. Pour le mois de déc-embre, elle a déjà cumulé un million de francs nets de recettes publicitaires. Alors Match TV, future locomotive des programmes thématiques de Lagardère ? En tout cas, Match TV vise clairement le numérique hertzien : le groupe est candidat à l'attribution de 5 fréquences sur ce futur support pour des programmes payants. Pour A. Lagardère, après la presse magazine, l'édition et la distribution, la télévision s'impose comme l'un des fers de lance du développement de Lagardère active. Toutefois, les chiffres en 2000, montrent que le secteur de l'audiovisuel ne pesait que 4,2 milliards de francs pour un chiffre d'affaires global de Lagardère Média de 47,2 milliards de francs. En outre, Match TV serait le symbole de relations meilleures entre le Groupe Canal + et Lagardère. Depuis la fusion de Vivendi avec Universal, Lagardère se serait senti marginalisé. Or, depuis, Canal +, l'empire créé par J-M Messier, a bien accueilli Match TV. Ainsi, son bouquet numérique Canal Satellite pourrait lui reverser 3 francs par mois et par abonné avec un contrat de diffusion de 10 ans, alors que de plus en plus les opérateurs réduisent fortement, voire refusent les rémunérations des chaînes thématiques. Par ailleurs, la réorganisation prochaine des activités de distribution de programmes du Groupe serait également un signe du réchauffement des relations entre les deux groupes. A cette occasion, le Groupe Canal + pourrait rassembler Canal Satellite et Multithématiques au sein de Canal + Distribution, sa filiale à 100 %. Ce qui rapprocherait le groupe Lagardère de Canal+. Parmi les projets en instance de Lagardère, il y a le lancement de «Elle TV», déclinaison télévisuelle du magazine Elle, mais aussi l'éventuelle fermeture de Santé-Vie. Pour se concentrer pleinement sur son nouveau-né, A. Lagardère a dû mettre de côté le projet de la privatisation de France 2. A ce sujet, il précise «Nous ne pouvons pas bloquer des idées et des hommes sur un projet qui est loin d'être engagé. D'ailleurs cette privatisation ne sera peut-être pas une bonne affaire».