Plusieurs milliards de dirhams manquaient à l'appel dans les fonds de la CNSS. Un véritable scandale financier qui a obligé l'institution à s'engager sur le chemin de la pénitence. Plus de 46 décisions ont été adoptées depuis mai 2000. Un trou d'environ 20 milliards de dirhams, un rapport accablant du cabinet Standard &Poor. L'ardoise est salée pour la CNSS qui s'est mis un point d'honneur depuis quelques années pour apurer ses comptes et recouvrir son dû à travers un moratoire fixé avec les entreprises concernées. Dans ce cadre, l'audit stratégique effectué dans les fameuses polycliniques, est à interpréter comme l'un des signaux les plus probants de la volonté de la Caisse de rompre avec le passé. En tout, plus de 46 décisions consensuelles ont été prises depuis la reprise des travaux du conseil d'administration en mai 2000. La plupart de ces décisions concernent la restructuration à travers un plan global qui vise l'élargissement de la couverture sociale à 2,5 millions de salariés à l'horizon 2005. Parallèlement au plan de redressement, la Caisse s'est lancée dans la modernisation de ses structures. L'objectif c'est d'assurer un meilleur accès aux entreprises qui pourront désormais régler les paiements et les cotisations sociales par Internet. Le directeur général de l'institution, Mounir Chrabi, expliquait, lors du lancement de nouveau système que ce dernier met fin à des procédures administratives lourdes tant du côté des affiliés que de celui de la CNSS. Mais la réforme la plus importante concerne le projet de révision du régime de la sécurité sociale. Le ministre de l'Emploi, des Affaires sociales et de la Solidarité, Moustapha Mansouri, le rappelait à l'ouverture du conseil d'administration de la CNSS en avril; ce projet, qui entérine la création d'une commission chargée des plaintes et recours des assurés, permet d'améliorer les prestations sociales de la Caisse. En fait l'objectif de la Caisse est de prendre en charge le pilotage de l'Assurance maladie obligatoire (AMO) en 2005. Chose qui reste à la portée de la CNSS mais qui rencontre l'opposition de bien de partenaires de l'institution, voire de quelques syndicalistes qui ont encore à l'esprit les années de mauvaise gestion qu'a traversées la CNSS. Les privés, contrairement aux pouvoirs publics, lesquels penchent pour la solution CNSS, restent défenseurs d'une option mixte de la gestion de l'AMO. Les comptes de la CNSS pour les exercices 2000, 2001 e 2002, font encore l'objet d'un audit externe. Mais la Caisse a renoué avec les surplus financiers à l'entame de l'exercice 2003, avec la réalisation des équilibres, notamment en ce qui concerne les indemnités sociales à court et à moyen termes. Quoi qu'il en soit, la CNSS est incontournable dans le social au Maroc avec un effectif de 92,7% d'affiliés sur les 101 764 adhérents aux quatre régimes de retraite début 2002. L'avenir passe par l'intégration d'un plus grand nombre d'entreprises. L'enquête de la Direction de la Statistique qui tient lieu de référence indique qu'environ 76,7% des entreprises du secteur informel ne sont pas patentées et que 99,2% ne sont pas affiliées.