Avec «Le dernier cri», Hamid Basket a signé son premier court-métrage. Cette première œuvre, qui tourne autour des enfants en difficulté, a remporté le Prix du meilleur court-métrage au récent Festival international du cinéma de Las Palmas. Entretien. ALM : Avez-vous été surpris par la distinction de votre premier court-métrage à Las Palmas ? Hamid Basket : J'ai été doublement surpris. D'abord, parce que c'est une reconnaissance de la part d'un jury international présidé par un cinéaste mondialement reconnu, en l'occurrence le Mexicain Arturo Ripstein, et ensuite, parce que c'est mon premier court-métrage qui vient d'être sacré. Je dédie ce prix à tous les enfants en difficulté, objet de mon premier film. Je suis, en même temps, accablé par le poids de la responsabilité que cette reconnaissance me fait endosser. Il ne s'agit, bien entendu, pas d'un aboutissement, le chemin étant encore long à parcourir. J'espère avoir d'autres occasions de représenter dignement mon pays. J'espère, également, que cette reconnaissance amènera les responsables du secteur à s'intéresser davantage aux projets sérieux. Et il y en a chez nous. Votre premier court-métrage marque votre passage de l'assistanat à la réalisation au statut de réalisateur. Avez-vous, maintenant, les atouts nécessaires pour accomplir cette nouvelle tâche ? En fait de réalisation, je crois avoir déjà fait mes preuves. J'ai réalisé deux téléfilms pour le compte de 2M: «Fettouma» et «Le labyrinthe». J'ai réalisé, également, des films documentaires pour des chaînes de télévision étrangères, dont notamment « Ibn Battouta » (La Rai, Italie), et «Sicile arabe, le premier ambassadeur italien au Maroc : 1875», d'après le livre «Morocco» d'Edmundo de Amicis (co-produit par la Raï et la TVM). J'ai, par ailleurs, assuré l'assistanat à la réalisation pour les films «Les rêves d'un esclave» de Robert Young, «Les amours de Mogador» de Souheïl Ben Barka, «Loin» d'André Téchiné, «Les secrets du chasseur» de Massimo Spano … Et puis, j'ai accompli la tâche de directeur de production pour des films internationaux et nationaux. Je citerai, entre autres, «Le marchand de tissu» d'Antonio Baiocco, «A Casablanca les anges ne volent pas» de Mohamed El Asli, «Elalamin» d'Enzo Montelione et «Les voisines d'Abou Moussa» de Mohamed Abderrahmane Tazi. Qu'en est-il de votre expérience d'acteur ? Il s'agit de mes premières amours. Après avoir décroché mon diplôme de fin d'études à l'Institut supérieur d'art dramatique et d'animation culturelle (Isadac, 1991), j'ai tourné dans les films «La prière de l'absent» de Hamid Bennani, «Le résistant inconnu» de Larbi Bennani, «Femmes… et Femmes» de Saâd Chraïbi et «Histoire d'une rose» d'Abdelmjid Rchich. A cela, il faut ajouter mon expérience de metteur en scène. J'ai débuté avec la pièce de théâtre «Napoli milionaria», première co-production théâtrale maroco-italienne, couronnée d'un prix (Plaque d'Or) qui m'a été décerné par l'ancien ambassadeur d'Italie au Maroc, Giuseppe Panochaia. Mon passage de l'actorat à la mise en scène, puis à l'assistanat et à la production, m'a permis d'avoir une vision complète du travail de réalisation. Vous avez également fait l'expérience de l'émigration. Qu'est-ce qui avait dicté cette décision ? On disait ici que j'étais un acteur très cher, que j'étais très exigeant sur la signature de contrats, sachant que cela se passe de bouche à oreille chez nous. Je ne pouvais accepter que l'on porte préjudice à ma carrière. Alors, j'ai décidé d'émigrer en Europe, et plus précisément en Italie, où j'ai suivi une formation à la réalisation. Mais voilà, après deux ans de formation, il s'est trouvé que des réalisateurs italiens étaient intéressés par des tournages au Maroc. Des propositions m'avaient été faites à ce sujet, alors j'ai saisi l'occasion pour revenir dans mon pays.