Quatre experts de la compagnie étatique russe Atomstroyexport sont arrivés au Maroc hier lundi 19 mars pour entamer des discussions avec l'ONE. Il est question d'une centrale nucléaire à Sidi Boulbra. Une certaine opacité entoure le dossier du nucléaire marocain. Alors que la plupart des médias russes affirmaient avec l'agence Ria Novosti, que les experts et dirigeants de la société russe Atomstroyexport devraient entamer des négociations avec l'ONE au sujet de la construction d'une centrale nucléaire à Sidi Boulbra, et que le quotidien espagnol El Pais consacrait sa Une au sujet, au Maroc c'est motus et bouche cousue auprès des responsables nationaux. «Le département de l'Energie n'est au courant de rien», rétorque Mohamed Boutaleb, confirmant par là que son ministère est bel et bien maintenu à l'écart par rapport à ce dossier. Le même ministre avait affirmé récemment que «le Maroc encourage l'utilisation des technologies nucléaires à des fins pacifiques, et dans des secteurs vitaux, comme la médecine, l'agriculture, l'hydrologie et la recherche scientifique» lors de la clôture de la conférence internationale organisée par le Groupement marocain de la technologie des réacteurs (GMTR). Du côté de l'ONE, dont le directeur général avait effectué une discrète tournée en russie durant le mois de septembre 2006, l'on confirme la visite de techniciens de la compagnie russe : des discussions ont eu lieu avec des techniciens de l'ONE sur le volet életronucléaire. Le directeur général de l'ONE, Younès Maâmar, n'a pas assisté à cette rencontre, étant en déplacement. La discrétion de l'ONE s'explique certainement par la sensibilité du projet, ce qui ne géne pas outre mesure les dirigeants d'Atomstroyexport, dont certains étaient du voyage de Vladmir Poutine lorsque celui-ci était venu au Maroc. Atomstroyexport reste actuellement la plus grande compagnie russe mettant en œuvre des accords intergouvernementaux sur la construction de sites nucléaires à l'étranger. Elle est actuellement en négociations des pays dont la Turquie. De même elle construit sept réacteurs en Chine, en Inde, en Iran et en Bulgarie. Les discussions avec le Maroc auraient commencé depuis l'été dernier. A en croire les responsables de cette société, cités par l'agence Ria Novosty, une délégation de l'ONE avait tenue une série de réunions, le 30 août 2006 à Moscou, avec des représentants de l'agence fédérale russe d'énergie nucléaire et avec ceux de trois sociétés opérant dans le domaine: Atomstroiexport, TVEL et Rosenergoatom.. Selon l'agence russe Interfax, les représentants du constructeur des centrales nucléaires russe aborderont avec l'ONE des caractéristiques techniques et du coût financier du projet. La même agence citant des sources appartenant au consortium étatique russe, indique que si le site a été identifié, en revanche il reste à déterminer le type de réacteur dont aura besoin le Maroc. Dans tous les cas, la centrale devrait voir le jour entre 2016 et 2017. Pour la plupart des opérateurs membres de la Fédération de l'énergie, le nucléaire pourrait être une réponse peu coûteuse à la croissance de 8 à 10% de la demande en électricité que connaît le Maroc. A rappeler que le Maroc dispose déjà, depuis 1980, d'un réacteur nucléaire d'une puissance limitée à deux mégawatts, destiné principalement à la recherche médicale.