Une table ronde sous le thème «Naida, la nouvelle création marocaine» aura lieu le samedi 24 mars à la médiathèque de l'Institut français de Casablanca. L'un des fondateurs du «Boulevard», Mohamed Merhari alias Momo, explique ce phénomène culturel. Entretien ALM : Vous faites partie des intervenants de la table ronde sur «Naida la nouvelle création marocaine» qui aura lieu samedi prochain à Casablanca. Que signifie le terme «Naida» ? Mohamed Merhari : «Naida» est un terme du dialecte marocain et qui est de plus en plus prononcé et véhiculé par les jeunes au Maroc. Cette expression qui signifie en arabe «ça bouge», reflète en vérité la nouvelle scène culturelle marocaine. Plusieurs observateurs et intellectuels ont assimilé «Naida» à la movida espagnole. Ce mouvement culturel créatif avait, on se rappelle, touché l'Espagne au début des années 80 après la mort de Franco. Qui est à l'origine du mouvement Naida ? Le terme «Naida» a toujours existé dans le dialecte marocain. Mais il a commencé à être véhiculé par les jeunes musiciens au Boulevard des jeunes à Casablanca. Lorsqu'ils étaient sur scène, les groupes communiquaient avec le public en leur demandant au niveau du spectacle «Ouach Naida ?», autrement dit : est-ce que ça bouge ? C'était une façon pour eux de mettre de l'ambiance et de motiver le public. Par la suite, cette pratique s'est transformée en phénomène à travers les médias. C'est ainsi que Naida a commencé à être repris à toutes les sauces. Le mouvement «Naida» a-t-il un rapport uniquement avec la musique ? «Naida» n'est pas uniquement un phénomène musical. Il peut être lié à toutes les disciplines artistiques. A la base, «Naida» est un phénomène musical, mais il est en train de s'étendre vers d'autres arts. Naida inclut aussi le cinéma et la danse pour ne citer que ces disciplines. Notre but est de généraliser ce mouvement dans tout le Maroc. Nous voulons que notre culture d'aujourd'hui reflète ce que l'on est vraiment. La table ronde sera diffusée par visioconférence en direct au Salon du livre de Paris. Que pensez-vous de cette initiative ? Je pense que c'est une occasion de prouver aux Français que la culture marocaine, ce n'est pas uniquement du folklore. Cela permettra également de montrer une autre image de la jeunesse marocaine. C'est une jeunesse qui n'a pas uniquement en tête l'idée d'immigrer et d'aller à la recherche de l'Eldorado. Nos jeunes ont du potentiel créatif et il est temps de le dévoiler au grand jour. A travers cette table ronde et les interventions des invités à cette manifestation cela permettra également d'expliquer au Maroc et en France ce que signifie le mouvement «Naida» et ce qu'il représente au juste. Naida relayée par Visioconférence La table ronde sous le thème «Naida la nouvelle création artistique marocaine» aura lieu le 24 mars à 16h30 à la médiathèque de l'Institut français de Casablanca. Cette conférence animée par l'écrivain Driss Ksikes, le musicien Big, Momo et Hicham, les cofondateurs du Boulevrad et le cinéaste Ali Essafi et Driss C. Jaydane, sera relayée en direct par visioconférence au stand «Cultures France» au Salon du livre de Paris qui aura lieu du 23 au 27 mars au Parc des expositions. Interactive, cette rencontre inédite et sans frontières organisée par l'Institut français de Casablanca, sera retransmise avec le concours de Khalid Zekri, professeur à la faculté des lettres de Meknès, spécialiste de la nouvelle littérature marocaine, et de Dominique Caubet, enseignante et chercheur à l'Inalco qui travaille actuellement sur «la movida marocaine», sans oublier la présence de nombreux auteurs et artistes francophones.