Le projet d'intégration des malvoyants dans le secteur professionnel propose de les faire travailler dans les centres d'appel. Une formation leur sera dispensée dès qu'ils auront accepté l'offre. Vont-ils dire oui ou non ? Ce lundi après-midi était très attendu par le groupe des malvoyants diplômés-chômeurs. Ses représentants ont été invités par la secrétaire d'Etat chargée de la Famille, de la Solidarité et de l'Action sociale, Yasmina Baddou, à une rencontre pour leur faire part d'une proposition de règlement. Après la tentative de suicide collectif qu'avaient entrepris les malvoyants le 31 janvier 2007 au centre-ville de Rabat, pour réclamer leur droit à l'emploi, trouver une voie de les intégrer dans le monde professionnel devenait une urgence. Mme Baddou, qui s'y est personnellement engagée, a dévoilé aux concernés l'offre prévue dans le cadre du plan d'intégration spécifiquement élaboré pour les malvoyants. Il a été suggéré à ces derniers une intégration dans les centres d'appel. Le secrétariat d'Etat estime que c'est une proposition avantageuse dans la mesure où elle permettra à ces personnes d'intégrer un secteur en pleine expansion, de se recycler et d'être productifs. «Ce n'est pas du tout ce qu'on attendait. On voulait des postes dans la fonction publique, mais c'est dans le secteur privé qu'on propose de nous intégrer !», s'exclame Hicham Boukaidi, un des portes-paroles du groupe ayant participé à cette réunion. La proposition n'a pas été, donc, accueillie à bras ouverts. Pour ces diplômés chômeurs, en sit-in ouvert depuis sept ans déjà, cette solution est même jugée «injuste» vis-à-vis de leur «cas exceptionnel». Ils avancent que ni leur handicap, ni leur formation de base ne leur faciliteront la tâche. «On est plus de 240 malvoyants avec une majorité de licences dans différentes branches, de Bac+2 ou encore de formation de standardistes. Les centres d'appel ne représentent pas vraiment le secteur adapté à nos compétences», souligne Abderrahman Arban, un autre porte-parole du groupe. A ce critère de « compétence adaptée », la proposition du gouvernement en a, pourtant, tenu compte. Le secrétariat d'Etat précise que l'intégration dans les centres d'appel ne se fera qu'à la suite d'une formation préalable intégrant des cours de langue et d'informatique. Et c'est l'Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT) qui en garantira le déroulement après évaluation du niveau des éventuels bénéficiaires. Le gouvernement prendra en charge financièrement la mise en place des outils de travail adapté aux malvoyants dans les centres d'appel, comme les claviers en braille. «Mais, cela ne nous redonne pas espoir», affirme M. Boukaidi. Le groupe des malvoyants chômeurs insiste sur la légitimité de son insatisfaction soulignant que le secteur privé ne représente aucune garantie pouvant lui éviter qu'un jour ou l'autre, il soit, à nouveau, au chômage. Un souci auquel répond le secrétariat d'Etat par une garantie en affirmant qu'une convention avec la Primature, les centres d'appel et le groupe des malvoyants est prévue pour «garantir la continuité du rendement». Mais, pour mettre en application cette convention autour de laquelle s'articule la concrétisation du projet, le groupe des malvoyants devra d'abord accepter cette proposition. Aucune date n'a été fixée pour cette réponse, mais les concernés comptent organiser une conférence de presse le 20 mars à Rabat au siège de l'Union marocaine du travail (UMT) à 15h. Ils y annonceront l'état d'avancement de leur dossier et donc leur décision quant à l'offre du gouvernement. D'ores et déjà, M. Boukaidi déclare que «la majorité ne penche pas pour le oui».