Le programme de lutte contre la mendicité dans la wilaya du Grand Casablanca a été lancé jeudi dernier. Huit véhicules sillonneront le centre-ville jour et nuit. Ne soyez pas surpris de voir des unités d'assistance sociale circuler dans les artères d'Anfa et d'El Fida. Ce sont ces deux préfectures de Casablanca que vise, en premier lieu, le programme de lutte contre la mendicité dans la wilaya du Grand Casablanca. Et c'est par le biais de huit véhicules, entre autres, que sera traquée la mendicité professionnelle. Le lancement officiel de ce projet a été annoncé, jeudi au siège de la wilaya du Grand Casablanca. La Sûreté nationale, les forces d'intervention spécialisées et les assistants sociaux mettent la main dans la main pour mener à bien un combat qui devenait au fil du temps, nécessaire. La prolifération de la mendicité en tant que profession a fini par devenir un point noir face auquel il fallait absolument agir. Les statistiques manquent, mais les quelques données auxquelles ont abouti des enquêtes de terrain sont très éloquentes : 1.118 cas de mendicité rien que pour Rabat en 2006. A propos des caractéristiques sociales et économiques des mendiants, une enquête effectuée auprès de 374 d'entre eux dans la capitale révèle que leur gain quotidien va de 50 à 200 DH. 63% d'entre eux sont issus de l'exode rural, 57% sont des femmes et 71% sont analphabètes. En ce qui concerne leur âge, la bonne majorité (76%) dépasse les 35 ans. Dans ce panel, il s'avère que 44% n'ont jamais travaillé et font donc de la mendicité leur principale source de vie. Les enfants, quant à eux, ne représentent, dans cette enquête, que 6%. Si le programme de la lutte contre la mendicité a opté pour Casablanca, c'est sur la base de données objectives. La carte régionale de la vulnérabilité à Casablanca fait état, en 2006, de 5.729 cas de mendiants et de sans- abris. Des équipes composées de 54 membres circuleront de jour comme de nuit à bord des huit unités visant plus particulièrement les ronds-points, les avenues principales, les gares routières et ferroviaires et les complexes commerciaux. La priorité sera également accordée aux alentours des mosquées et des hôtels ainsi qu'à la place des Sraghna et dans les «kissarias» de Derb Sultan. Ces équipes à qui l'on confie la traque de la mendicité ont d'ores et déjà bénéficié d'une formation spécialisée. Cette dernière a eu lieu du 22 au 26 janvier 2007 et s'est focalisée sur le traitement de la lutte contre la mendicité sous l'angle social et juridique. Deux aspects auxquels s'ajoute la maîtrise des outils de communication, car les intervenants seront amenés à inciter les mendiants à abandonner cette activité. Concrètement, chaque personne qui sera interpellée, dans ce cadre pour mendicité professionnelle, fera l'objet d'une étude. En plus d'une fiche d'identité personnelle, une enquête sociale sera effectuée au cas par cas. Objectifs : proposer des solutions et veiller à l'application de la loi en vigueur contre la mendicité professionnelle. C'est toute une stratégie globale et intégrée qui se met donc en place. Dans son approche sociale, cette stratégie vise l'insertion du mendiant soit dans sa famille, soit par sa prise en charge institutionnelle. Les mendiants par nécessité auront le droit à des subventions octroyées par le ministère du Développement social, de la Famille et de la Solidarité. Cette aide devra leur permettre de créer une activité génératrice de revenus dans le cadre d'un partenariat avec les associations spécialisées dans l'insertion des personnes en situation difficile ou précaire.L'approche judiciaire, elle, prévoit tout simplement l'application des dispositions de la loi à l'égard des mendiants professionnels qu'ils soient isolés ou exploitant autrui (enfants, personnes âgées et personnes handicapées). Un moyen inéluctable pour mettre un terme aux réseaux de mendicité. Mais pour que cette bataille qui ne fait que commencer puisse aboutir, on compte aussi sur les citoyens. Une campagne de communication à travers la radio, la télévision, les mosquées et les centres sociaux sera menée en parallèle à ce programme. C'est clair : la guerre est déclarée contre la mendicité !