Le sondage que nous avons publié, le 28 novembre continue de susciter des réactions, notamment de la part d'acteurs politiques et universitaires. Les élections législatives partielles tenues en septembre 2000 dans six circonscriptions dont cinq à Casablanca ont été marquées par un taux de participation dépassant à peine les 6 % de la population votante. Un tel taux aurait pu inciter les hommes politiques à réviser leurs méthodes de gestion et procéder à un véritable check-up sur le plan organisationnel et recourir à la gymnastique de l'autocritique et de la refonte en profondeur de la matrice culturelle politique. Laquelle matrice souffre d'un traumatisme qui se dégrade de plus en plus au fil des jours. Mais rien de cela n'a été accompli. La balkanisation a suivi son chemin et la déconnexion des politiques par rapport à la société ne cesse de se confirmer aggravant par la même occasion le « vide social ». Un vide qui ne traduit en fait que le désintérêt réciproque et croissant entre citoyens et politicards. Aussi, dans le cadre d'une logique de critique constructive, aurait-il été bénéfique pour tous ceux qui sont concernés par la gestion de l'espace public sur les plans locaux et au niveau national, qu'il y ait des sondages d'opinion. Car, c'est à travers ceux-ci que les opérateurs testent leur degré de popularité, d'efficience et d'efficacité. Le sondage publié dans le n°3 de notre journal s'inscrivait dans cette optique ; mais une fois encore, les déceptions étaient à la mesure des attentes. Mohamed Sassi, ancien secrétaire général de la Jeunesse Ittihadia, ex-membre également du Comité central de l'USFP, actuellement dirigeant et membre fondateur de l'Association « Fidélité à la démocratie », sortie des tripes du parti du Premier ministre a jugé de son devoir de rappeler à l'ordre. « A travers sa section au Maroc, la CSA-TMO, dit-il, a effectué un sondage d'opinion visant à connaître ce que pensent les Marocains de la vie politique et du bilan de l'action gouvernementale. Et de déduire trois faits majeures, à savoir : Primo, la majorité écrasante des Marocains se considèrent sans appartenance politique ; soit 87,6 % de la population ciblée ; Secundo, Entre 56 % et 86 % des enquêtés ne sont pas contents du rendement du gouvernement dans les domaines de l'investissement, du développement économique et de la lutte contre le chômage ainsi que dans les secteurs de la Santé, l'Enseignement et des libertés publiques. Tercio, la majorité des Marocains confirment leur disposition à participer aux prochaines élections, mais en votant en faveur des compétences, non pour les partis. Devant ces résultats, fait remarquer Mohamed Sassi, trois genres de réactions ont été observés. Les premiers se sont abstenus à publier les données chiffrées de ce sondage, mais tout en annonçant des commentaires, frôlant ainsi l'une des règles les plus élémentaires de la presse. Les seconds ont semé le doute sur les intentions qui furent derrière le sondage estimant qu'il s'agit d'une machination orchestrée à l'encontre de l'expérience politique en cours . Enfin, les derniers ont préconisé l'interdiction pure et simple de tout sondage de ce genre dans l'avenir. Or, il aurait été plus logique, selon Sassi, qu'il y ait un débat sur les résultats du sondage, au lieu de faire appel à l'ancienne théorie du complot. Or, en dépit de la polémique autour des questions du sondage, il n'y a eu aucun débat de fond sur ses conclusions. Ceci étant, il n'en demeure, conclu-t-il, que le pays a besoin d'un institut de sondage, indépendant et scientifique ainsi que d'une réglementation juridique de ce domaine. Il y va de l'avenir du Maroc.