Les serveurs maintenus pour le département américain de la Défense par l'Icann et Wide Project ont été assaillis de fausses requêtes. Certains services ont été interrompus, mais le trafic mondial n'a pas souffert de l'attaque. Plus de peur que de mal. Mardi 6 février, le cœur même d'Internet a été pris pour cible par des pirates informatiques, sans parvenir heureusement à faire tomber le réseau. Ces pirates ont tenté de saturer pendant douze heures trois des treize serveurs DNS «racine» d'Internet, qui ont notamment pour rôle de traduire les noms de domaines des sites Web en adresses IP pour aiguiller le trafic mondial et qui servent de référence aux autres serveurs DNS. Ce sont précisément les serveurs maintenus par le département américain de la Défense (serveur G, hébergé en Virginie), par l'Icann (serveur L, en Californie) et par Wide Project (serveur M, au Japon), qui ont été assaillis de fausses requêtes. Certains services ont été interrompus mais le trafic mondial n'a pas souffert de l'attaque, qui aurait été, en partie, menée depuis la Corée du Sud, selon Associated Press. Il faut dire que quelques précautions avaient été prises à la suite des dernières grandes attaques enregistrées sur les serveurs racines : en octobre 2002, les treize serveurs avaient, par exemple, tous été pris pour cible, dans une seule et même agression. Depuis, l'infrastructure a été très éclatée, de manière à ne pas exposer toutes les précieuses racines. Ces attaques interviennent au moment où le débat sur le contrôle du Net fait rage. Les treize serveurs DNS servant de base à Internet sont vitaux pour l'économie mondiale et donc que les Etats-Unis en assureront la protection (et donc garderont le contrôle) jusqu'à nouvel ordre. Depuis, de nombreux pays ont montré leurs désaccords complets face à ce soupçon d'arrogance. Un dossier des Nations Unies devrait être publié le 18 juillet prochain. On devrait y retrouver de nombreuses demandes, dont évidemment le désir de prendre le contrôle de la Toile aux USA, ainsi que de l'ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) et les serveurs racines du Web. Les Nations Unies souhaitent prendre de nouvelles responsabilités, notamment pour surveiller internet et protéger les consommateurs. L'ICANN, créée par les Etats-Unis, est aussi au coeur des discussions. L'ONU n'en avait pas moins décidé lors d'une réunion à Genève de prendre le relais et ainsi réduire fortement les pouvoirs états-uniens. Si les USA ne reviennent pas sur leurs dernières déclarations, affirmant garder encore pour longtemps une mainmise sur Internet, certains pays pourraient être tentés de se créer leur propre réseau, ce qui changerait son concept même... Déclaration de la Chine : «Nous estimons que le problème de politique publique de l'Internet devrait être résolu conjointement par les États souverains dans le cadre des Nations Unies... Par exemple, les spams, la sécurité du réseau et le cyberespace ... Nous devrions créer une agence spécialisée des Nations Unies comme corps compétent.» Déclaration du Brésil, au sujet des domaines xxx : «Pour ceux qui se demandent toujours à quoi sert le Triple-X, soyons précis, monsieur le président. Ils parlent de pornographie. Ce sont des choses qui entrent très profondément dans nos valeurs, dans plusieurs de nos pays. Dans mon pays, le Brésil, nous sommes très inquiets par ce genre de processus décisionnel où ils décident simplement de créer de tels nouveaux noms de domaine génériques dits «supérieurs».» • D'après News.com