Les pharmaciens titulaires des diplômes étrangers ont boycotté l'examen d'équivalence et comptent, toujours, poursuivre le ministère de l'Education nationale en justice. La polémique sur la reconnaissance des doctorats étrangers en pharmacie ne cesse de faire des vagues, suscitant protestation et indignation. Les pharmaciens titulaires des diplômes étrangers ont boycotté jeudi 25 janvier l'examen d'évaluation de leurs connaissances pour l'obtention de l'équivalence. L'appel du boycott a été lancé par l'Alliance nationale médicale de la santé libérale (ANMSL), suite au verdict du tribunal administratif de Rabat, prononcé en référé la veille de l'examen. «Les lauréats n'ont pas passé l'examen d'évaluation. Notre mouvement de protestation a été une réussite sur ce point», se félicite Saâd Benmansour, président de l'ANMSL. Et d'ajouter : «Le tribunal administratif de Rabat a décidé de ne pas annuler l'examen jugeant que ce test d'évaluation ne porte pas préjudice aux pharmaciens et qu'il ne touche pas au fond de la décision d'octroi de l'équivalence au diplôme national». Il est à rappeler que ce jugement en référé fait suite à une plainte déposée par l'Alliance nationale médicale de la santé libérale contre le ministre de l'Education nationale de l'Enseignement supérieur, de la Formation des cadres et de la Recherche scientifique, Habib El Malki. Cette centrale syndicale accuse le ministre de "non-respect de la loi de 2002" relative à l'équivalence des diplômes de pharmacie délivrés par les universités étrangères. Son président conteste la décision de la haute commission spéciale, qui statue sur les demandes d'équivalence, d'imposer aux pharmaciens un examen d'évaluation sans respecter toute la procédure légale, selon lui. «Le ministère de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur n'a pas respecté la procédure d'équivalence des diplômes de pharmacie étrangers définie par la loi de 2002», explique M. Benmansour, avant d'ajouter: «Cette même décision d'examen devrait être précédée de la réunion de la commission sectorielle de la santé. Le candidat doit être informé sur les causes de prises des décisions éventuelles comme les demandes de stages complémentaires ou de plusieurs examens et non un seul. Tout cela devrait être remis à l'intéressé qui a le droit dans un délai de 60 jours pour faire appel à la commission supérieure pour juger après étude plus profonde du dossier de la suite à lui donner». Rappelons que ce problème concerne près de 300 pharmaciens titulaires des diplômes des universités étrangères des pays de l'Europe de l'Est (l'Ukraine et la Russie), du Sénégal et de l'Espagne, entre autres. M. Benmansour a tenu à souligner que «les pharmaciens ne refusent pas de passer le test d'équivalence, mais protestent surtout contre le non-respect de la procédure telle qu'elle est définie par la loi». Selon la loi de 2002 régissant les conditions d'exercice des pharmaciens, entrée en vigueur depuis le 1er janvier 2006, l'aval du secrétariat général du gouvernement ne suffit pas à lui seul aux pharmaciens diplômés des universités étrangères d'ouvrir des officines. Pour cela, il faut au préalable déposer une demande d'équivalence auprès du ministère de l'Enseignement supérieur. La demande est examinée par la commission sectorielle de santé. Celle-ci peut délivrer directement l'équivalence sur la base des documents fournis ou demander au candidat de poursuivre une formation dans telle matière ou de passer un test d'évaluation des connaissances. La commission sectorielle peut également demander à l'intéressé d'effectuer un stage. Si le candidat n'est pas satisfait de la décision de la commission, il peut déposer un recours, dans un délai de 60 jours, auprès de la haute commission spéciale qui statue sur la question. Procédure qui, selon les concernés, n'a pas été respectée. Pour cela, les protestataires disent être déterminés à poursuivre Habib El Maki en justice.