Dix militaires originaires du préside occupé de Sebta ont été radiés, en décembre dernier, des rangs de l'armée espagnole pour être de confession musulmane, a appris mercredi la MAP auprès de l'Union Démocratique de Sebta (UDCE), principal parti d'opposition à l'assemblée de la ville. Le président de l'UDCE, Mohamed Ali Lemague a indiqué que son parti appuie pleinement les militaires radiés, dénonçant une "campagne de persécution" contre les militaires espagnols de confession musulmane, dont la majorité sont originaires des présides de Sebta et de Mellilia. M. Lemague a annoncé une prochaine réunion avec le commandant général de Sebta, Luis Gomez Hortiguela, pour lui demander des explications sur cette décision notifiée aux militaires visés sans la moindre explication. L'UDCE, par le truchement du parti de la Gauche Unie (Izquierda Unida), compte aussi interpeller le ministre de la Défense, José Antonio Alonso, devant le parlement, sur cette campagne de "criblage" qui vise les militaires musulmans, d'autant que ces derniers sont parmi les plus professionnels et les plus disciplinés dans les rangs de l'armée espagnole. Les dix soldats expulsés ont saisi le tribunal militaire après le refus de leur hiérarchie de motiver sa décision de les radier, se contentant d'évoquer l'existence de "rapports secrets" de l'état major de l'armée dont elle ne peut révéler le contenu. Selon plusieurs observateurs, les préparatifs de cette campagne de "criblage" visant les militaires de confession musulmane ont débuté en juillet 2002, à travers la publication d'articles de presse et la filtration de rapports confidentiels alertant du "danger" que représentent les soldats musulmans au sein de l'armée espagnole. L'UDCE mène à ce sujet une campagne de sensibilisation de l'opinion publique quant aux dangers de persécution des militaires musulmans. Une année plus tard, le service des statistiques de l'état major de l'armée espagnole avait élaboré une enquête dans laquelle les soldats étaient invités à émettre des opinions sur leurs compagnons d'armes musulmans. L'enquête a été retirée après avoir suscité des protestations. Le principal parti d'opposition à Sebta dénonce aussi la suspicion à l'égard des soldats musulmans depuis l'opération "Dune", menée le 12 décembre dernier contre une présumée cellule islamiste à Sebta, sur ordre du juge anti-terroriste Baltasar Garzon. S'exprimant mardi lors d'une rencontre avec la presse, le ministre de la Défense a, quant à lui, démenti l'existence de préoccupations suscitées par l'important accroissement du nombre des militaires de confession musulmane au sein de l'armée espagnole.