La gare routière de Salé agonise. Le maire de la ville et le directeur expliquent les raisons de cette décrépitude. La crise de la gare routière de Salé n'a pas encore trouvé une voie de dénouement. C'est plutôt le contraire vers lequel s'achemine cette gare : la faillite totale. Une fatalité pour le maire de Salé, Driss Sentissi, pour qui il n'y a pas d'autre constat à faire : «Cette gare est morte. Plusieurs raisons en sont à l'origine, à commencer par le choix de son emplacement surdimensionné qui ne convient pas du tout ». Mais ce ne sont pas uniquement l'emplacement et la superficie (près de 3 hectares) qui posent problème, car, selon le maire, la crise a été aggravée par une circulaire du ministère du Transport qui n'impose pas aux autocars de passer par la gare routière s'ils sont chargés. Au fil du temps, la gare routière, boudée par les autocars, puis par les clients qui se déplacent vers El Kamra (Rabat), est devenue tout simplement une «mauvaise affaire». Ce qui a obligé les propriétaires des petites échoppes se trouvant à l'intérieur de la gare de vendre leur fonds de commerce au cours d'une vente aux enchères. L'hémorragie a commencé et ne s'est jamais arrêtée. «Nous n'avons plus de recettes et cela nous empêche même de payer le loyer que nous devons à la commune», explique le directeur de la gare routière, Aziz Zaidi. D'après ce dernier, cela fait plus de neuf ans que la gare est dans l'impossibilité de payer quoi que ce soit : «On payait à la commune 144.000 DH par an au début. Ensuite, ce loyer a augmenté pour arriver 1,3 million DH ». Une augmentation de loyer contre une baisse des recettes allant de 11.000 jusqu'à 4000 DH par jour, le déséquilibre est bien là. «Nous avons pu obtenir un redressement de 50% et le loyer a été réduit à 660.000 DH par an, mais malgré tout la faillite menace», déclare M. Zaidi. Les autorités publiques détiennent 51% de la gare routière en échange de cette réduction de loyer, mais rien ne semble circonscrire l'hémorragie déjà très avancée. « Nous venons de demander aux autorités une exonération de ce retard de loyer », précise ce responsable. Lorsque s'ajoutent à cette situation, le manque de sécurité qui règne dans cette gare squattée par les ivrognes la nuit et le peu d'autocars qui y font escale, la crise trouve un contexte favorable. Et pourtant, le directeur garde espoir : «On veut lutter contre le fléau des racoleurs qui vendent les tickets illégalement et des chauffeurs qui s'arrêtent à l'extérieur de la gare pour ne pas payer le droit d'entrer de 28,8 DH-TTC. Nous comptons, également, adresser une lettre ouverte au Premier ministre. Il faut vraiment sauver cette gare !». Un vœu qui risque de ne pas trouver d'écho favorable. La chute est inéluctable, à en juger des propos du maire de la ville qui annonce, d'ailleurs, que des études sont déjà lancées pour la construction d'autres gares routières à Salé : «Nous comptons en construire une sur la route de Kénitra et une autre sur la route de Meknès. L'étude est en cours pour ce qui est de la première gare afin que le problème de celle actuelle soit résolu». La question d'une éventuelle fermeture reste, elle, en suspens.