Ahmed Chaïb et Ahmed Chahid, les plus vieux détenus islamistes au Maroc, voient enfin le bout du tunnel. Leur peine de prison a été ramenée à 25 ans. Ahmed Chaid et Ahmed Chaïb peuvent entrevoir, enfin, le bout du tunnel après près de 24 ans passés derrière les barreaux. Vendredi dernier, ceux qu'on présente comme étant les plus anciens détenus politiques au Maroc ont été informés qu'ils venaient de bénéficier d'une mesure de grâce royale ramenant leur peine de prison à perpétuité à une durée fixée à 25 ans. Autrement dit, ils pourraient recouvrer la liberté dans près d'un an et demi. «Nous saluons cette initiative qui mettra fin au calvaire de Chaïb et Chahid», déclare à ALM Abderrahim Mouhtade, président de l'association "Annassir" de soutien aux détenus islamistes. «Je leur lance un appel pour arrêter une grève de la faim qui n'a que trop duré et j'en appelle à tous les intervenants pour aider à sauver la vie de ces deux détenus», ajoute M. Mouhtade en allusion à une longue grève de la faim que les deux détenus observaient depuis plus de six semaines pour protester contre leurs conditions d'incarcération à la prison de Salé. Selon le président d'"Annassir", des lettres dans ce sens ont été envoyées, hier mardi, au Premier ministre, au CCDH (Conseil consultatif des droits de l'Homme) et au ministère de la Justice. Selon lui, même après leur libération, un avenir sombre attend Ahmed Chahid et Ahmed Chaïb et surtout ce dernier qui n'a presque plus de famille. Des sources bien informées précisent que les deux détenus islamistes avaient eu la promesse de bénéficier, à la première occasion, d'une autre mesure de grâce pouvant mettre fin à leur emprisonnement. Ahmed Chahid et Ahmed Chaïb faisaient partie des membres de la jeunesse islamiste arrêtés en 1983 pour tentative de déstabilisation visant le régime. En 1984, ils avaient été condamnés à la peine capitale, un jugement qualifié d'excessif par Abderrahim Mouhtade qui a partagé leur cellule entre 1990 et 1994. Le 23 décembre 1987 à la prison centrale de Kénitra, lors d'une tentative d'évasion qui a tourné court, Chaïb et Chahid s'étaient emparés du fusil du gardien Mohamed Ouaâdil et tirèrent sur ce dernier. «Par erreur vu qu'ils n'avaient aucune expérience en matière d'armes», rectifie M. Mouhtade. Le gardien meurt lors de son transfert à un hôpital de Rabat. Chaïb et Chahid se voient confirmer la peine de mort prononcée contre eux, cette fois pour crime de sang. Leur acte, ils l'ont toujours et amèrement regretté, à en croire leur ami de toujours. Lors de l'amnistie de 1994 décrétée par Feu Sa Majesté le Roi Hassan II, la peine de mort contre les deux détenus islamistes a été commuée en peine de prison à perpétuité. Issus tous les deux des milieux défavorisés des quartiers populaires casablancais (Aïn Sebaâ et Sidi Bernoussi), Ahmed Chahid était salarié d'une commune de la métropole et Ahmed Chaïb poursuivait encore ses études universitaires.