Un an et demi après le lancement de l'INDH, la dynamique de mise à niveau sociale se poursuit avec des moyens renforcés. Le plan d'action court jusqu'en 2010 et l'initiative vient d'être dotée d'un observatoire destiné à garantir et surtout à mesurer l'efficacité des efforts consentis et des moyens déployés. Le 18 mais 2005, lors d'un discours adressé à la nation, SM le Roi Mohammed VI mettait tout particulièrement l'accent sur la problématique sociale qui constituait, aux yeux du Souverain, le défi majeur à relever pour la concrétisation d'un projet de société basé sur un nouveau concept de développement. Il lançait ainsi l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH), destinée à donner «la possibilité à tout un chacun de s'épanouir en déployant pleinement ses potentialités et ses aptitudes». Le Souverain soulignait à cet égard le fait que de larges franges de la population marocaine et des zones entières du territoire national vivaient dans des conditions difficiles et parfois dans une situation de pauvreté et de marginalisation, incompatible avec les conditions d'une vie digne et décente : «de nombreux quartiers et bidonvilles, urbains et péri urbains et plusieurs communes, situées pour leur grande majorité en milieu rural, connaissent des situations difficiles marquées par l'insuffisance des accès aux équipements et services sociaux de base, offrant ainsi des terreaux propices à l'aggravation des problèmes d'analphabétisme, de chômage et d'exclusion ou de déscolarisation et pâtissant des faibles opportunités d'emploi et d'activités rémunératrices». Le Souverain mettait également en garde, à juste titre, contre «toute exploitation de la misère sociale à des fins politiciennes ou pour nourrir des velléités extrémistes ou encore pour cultiver un sentiment de pessimisme, de défaitisme et de désespoir…». Cette initiative relevait ainsi de la conviction que la mise à niveau sociale, tâche complexe et de longue haleine, ne pouvait relever de l'assistance ponctuelle ou de l'action caritative spontanée ou encore d'un devoir éthique ou d'un acquit de conscience. L'INDH s'annonçait de la sorte comme un «chantier de règne, ouvert en permanence» et non pas comme un projet ponctuel ou un programme conjoncturel ou de circonstance. Dans une première étape de lancement, l'initiative ciblera donc le renforcement de la mise à niveau sociale de 360 communes parmi les plus pauvres du monde rural et de 250 quartiers pauvres en milieu urbain et périurbain, médinas anciennes et bidonvilles où sévissaient les manifestations les plus criantes de l'exclusion sociale, du chômage, de la délinquance et de la misère. Une enveloppe de 250 millions de dirhams avait ainsi été allouée à trois programmes prioritaires de lancement : lutte contre la pauvreté en milieu rural ; lutte contre l'exclusion sociale en milieu urbain; lutte contre la précarité. Les contributions financières provenaient du budget général de l'Etat, des collectivités locales et du Fonds Hassan II. Au total, 1104 projets seront lancés, bénéficiant d'un «effet levier» qui portera à près de 600 millions de dirhams le coût global des projets programmés, en tenant compte de la participation de divers partenaires dans le financement des projets en question. L'INDH entre donc aujourd'hui dans la deuxième phase de sa mise en œuvre : la tranche 2006-2010. Une enveloppe de 10 milliards de dirhams lui a été allouée dans cette perspective, répartie en deux volets: les programmes concernant l'ensemble des préfectures et provinces et les programmes ciblés territorialement. Le programme principal de l'INDH s'accompagne d'un programme dit «transversal» qui vise quatre objectifs : soutenir, sous forme de contributions, des projets et des actions transversales visant à promouvoir et à pérenniser la démarche INDH au niveau de toutes les provinces et préfectures du Royaume ; renforcer l'ingénierie sociale ; accompagner la mise en œuvre de l'INDH par un programme de formation et d'assistance technique au profit notamment de diverses catégories de travailleurs sociaux ; soutenir les microcrédits et les activités génératrices de revenus et d'emplois; assurer enfin le fonctionnement et le pilotage de l'INDH. Toute dernière nouveauté en date au titre des instruments spécifiques de l'INDH, la mise en place d'un réseau d'experts. Il s'agit par ce biais de monter des actions de formation et de renforcement des capacités et d'organiser des journées de concertation, de sensibilisation et d'information selon les besoins techniques. Programme transversal et financement Une enveloppe fixe de 10 millions de dirhams est attribuée à chaque préfecture, préfecture d'arrondissement et province, le reliquat à programmer étant indexé sur la population locale vivant en dessous du seuil de pauvreté. Pour ce qui est du programme de la lutte contre la précarité, une enveloppe fixe de 20 millions de dirhams est attribuée à chaque wilaya de région, le reliquat à programmer étant indexé sur la population urbaine au niveau régional. Pour le programme urbain, 8 millions de dirhams sont prévus par quartier ciblé, avec la possibilité pour le comité provincial de l'ajuster en fonction des besoins. Quant au programme rural, l'enveloppe est de 5 millions de dirhams par commune cible sur la durée du programme, avec possibilité pour le comité provincial d'ajuster ces enveloppes moyennes entre les communes cibles selon les besoins identifiés localement. L'Observatoire national pour le développement humain Dans le cadre de ses missions d'accompagnement, de soutien et d'amélioration de la gouvernance et conformément aux dispositions de la plate-forme de l'INDH, un observatoire national a été mis en place. Cet observatoire, entité autonome placée auprès du Premier ministre, concourt à l'élaboration d'une vision globale sur le développement humain, plaçant l'Homme au cœur des priorités nationales. Il est le garant de l'esprit INDH et donc du bon fonctionnement des instances de gouvernance de l'INDH et de la conformité de l'ensemble des actions. Il est composé de 18 personnes choisies intuitu personae parmi les hauts responsables des administrations publiques, des acteurs associatifs et des universitaires. Ses missions constituent en : • L'observation et l'analyse des données fondamentales se rapportant au développement humain ; • La réalisation d'études générales et comparatives, d'enquêtes et d'expertises sur les questions de développement humain, notamment la précarité, la pauvreté et l'exclusion ; • Le suivi et l'évaluation de la mise en œuvre de l'impact de l'INDH sur les indicateurs de développement humain ; • La capitalisation des innovations institutionnelles et des mécanismes de mise en convergence et de leurs impacts sur les communes et quartiers ciblés par l'INDH ; • L'élaboration d'indicateurs propres de développement humain pour mesurer l'impact sur les territoires ; • Le recueil de toutes les données et informations auprès de l'ensemble des départements ministériels ; • La production et la diffusion d'un rapport annuel sur la mise en œuvre de l'INDH.