La privation de la Comanav et l'entrée en service du premier terminal à conteneurs du port de Tanger constitueront deux événements-clés de l'année 2007. Situé à l'embouchure du détroit, le port Tanger-Méditerranée est appelé à changer la configuration du transport maritime dans le détroit. Le port servira de plate-forme d'éclatement entre l'Asie, l'Amérique, l'Europe et l'Afrique et de hub au trafic offshore international. Ce projet d'envergure, dont le coût est estimé à 15 milliards DH, vise un marché de proximité de plus de 600 millions d'habitants. Le port et les zones franches alentour permettront de créer quelque 150.000 emplois à l'horizon 2020 et d'accueillir un millier d'entreprises. Le compte à rebours de ce grand projet a déjà commencé comme l'a rappelé Saïd Elhadi, président du directoire de TMSA, l'agence chargée du pilotage. Pour l'année 2007, une bonne partie des ouvrages sera livrée. Il s'agit notamment du premier terminal à conteneurs, qui sera opérationnel à la fin du premier semestre 2007. Ce terminal a pour concessionnaire le groupement Maersk via sa filiale APM Terminals (90%) et Akwa Group (10%). Le deuxième terminal à conteneurs, qu'entrera en activité en 2008, est géré, quant à lui, par un consortium de transporteurs maritimes, dont la Comanav, Eurogate et CMA-CGM. Le terminal pétrolier, qui ouvrira à la suite de ceux dédiés aux conteneurs, sera géré par le consortium formé des sociétés Horizon Terminals Limited, filiale du groupe Emirates National Oil Company (ENOC), Afriquia SMDC (Maroc) et Independant Petroleum Group (Koweït). La présence d'Afriquia SMDC, filiale du holding marocain Akwa Group, montre l'intérêt des investisseurs marocains pour ce grand projet structurant. La concession comprend l'équipement d'un poste pétrolier en eaux profondes et l'aménagement d'une zone de stockage d'une capacité de 308.000 m3. En tout, le port disposera d'une capacité de traitement de 3,5 millions de conteneurs, 500 000 camions et 5 millions de passagers. Cette force de frappe oblige les autres ports du Royaume à procéder à leur mise à niveau. C'est ainsi que le ministère de l'Equipement a mis en place une politique de réforme (loi 15-02) dont l'objectif final est de réduire de 30% le coût du logistique dans les anciens ports. Parallèlement, la loi introduit l'unicité de la manutention, la séparation des fonctions commerciales et régaliennes de l'ex-ODEP, devenu SODEP depuis le 5 décembre 2006, la naissance de l'ANP (l'Agence nationale des ports) et de la Somaport, consortium privé conduit par la Comanav. Pour cette dernière société, l'année 2007 sera décisive. La Comanav, qui a été évaluée à 2,2 milliards de dirhams, sera en effet privatisée d'ici la fin mars. De nombreux prétendants, l'on trouve aux premières loges le français CMA-CGM, déjà partenaires de la Comanav au sein du consortium en charge du deuxième terminal du port de Tanger Med.