Pour se venger de son frère, il l'a tué. Un fratricide pour lequel il a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle. Nous sommes à la chambre criminelle près la Cour d'appel de Safi. Abdelhak, âgé de trente-trois ans, père de trois enfants, se tient devant les magistrats. « Tu es accusé d'homicide volontaire avec préméditation et guet-apens », lui lance le président de la Cour. Abdelhak a gardé le silence. Il semble n'avoir pas encore admis d'avoir liquidé son frère, l'oncle de ses trois enfants. Pourquoi et comment ? Abdelaziz, son cadet de trois ans, ne pouvait passer une journée sans prendre sa dose de kif. C'est un habitué du « Sebsi » qui ne disposait pas toujours de l'argent nécessaire pour s'approvisionner en kif. C'est la raison pour laquelle, il n'hésitait pas à aller, de temps en temps, à la rencontre de son frère à douar Ouled Dehane, pour lui demander de le dépanner en lui refilant quelques « Chkoufa » de kif. D'habitude, Abdelhak ne s'abstenait jamais de lui venir en aide parce qu'il savait que son frère était chômeur. « Je lui donnais parfois quelques dirhams, mais je lui demandais toujours de ne jamais se rendre chez moi pour me demander du kif… Je n'aime pas que mes enfants sachent que je fume… », a affirmé Abdelhak à la Cour. Mais la dernière fois, Abdelaziz a osé se rendre chez son frère pour lui en demander. Hors de lui, Abdelhak l'a chassé. Se sentant humilié, Abdelaziz a saisi une pierre et a asséné à son frère un violent coup à la tête avant de s'enfuir. Évacué vers l'hôpital, il en est sorti avec quelques points de suture et une volonté tenace de se venger. Après son rétablissement, il s'est décidé de ne sortir de chez lui qu'armé d'un couteau et qu'il l'utiliserait contre son frère . Ce qu'il fit lorsqu'il a rencontré celui-ci. Mortellement poignardé, Abdelaziz a rendu l'âme avant l'arrivée des secours. Le tribunal le condamnera à 20 ans de réclusion criminelle.