Pour le président de l'Association sahraouie des droits de l'Homme, Ramdan Ould Messaoud, l'Algérie fait tout pour empêcher les Marocains séquestrés de regagner leur mère-patrie. ALM : Comment avez-vous réagi à l'incident qui a coûté la vie au Marocain séquestré à Tindouf, Saleh Othmane Zini ? Ramdane Ould Messaoud : Saleh Zini a été assassiné par l'armée algérienne, parce que le regretté voulait simplement regagner sa patrie. Nous condamnons ce crime horrible avec d'autant plus de vigueur que le défunt a laissé des orphelins. En même temps, nous nous interrogeons avec tristesse sur le silence observé par le Haut commissariat aux réfugiés face aux violations des droits de l'Homme perpétrées sur le sol algérien, notamment le droit de retour des familles vers leur mère-patrie. En tant qu'association sahraouie des droits de l'Homme, nous appelons cette structure à œuvrer pour lever le siège imposé à nos familles séquestrées dans les camps de Tindouf. Nos familles assiégées ne jouissent pas des droits élémentaires reconnus par l'ONU, dont celui de la liberté de mouvement. Pour que les Marocains séquestrés puissent voyager à l'étranger, ils sont obligés d'avoir un passeport algérien. Et pour délivrer ce passeport, les autorités algériennes exigent l'accord de la direction du Front Polisario. Parmi les cinq victimes de la fusillade, il y a Abdellah Ould El Houcine qui a été capturé blessé par l'armée algérienne. Quel sera le sort de ce détenu au cas où il serait livré à la direction du Polisario ? Nous sommes très inquiets pour El Houcine autant que pour les trois autres Marocains sahraouis qui ont pris la fuite. Connaissez-vous leurs noms ? Nous nous abstenons de divulguer leurs noms parce que nous craignons pour leur vie au cas où ils seraient reconnus par l'armée algérienne et les services de sécurité du Polisario. Nous nous adressons par contre à toutes les organisations de défense des droits de l'Homme, y compris celles de l'Algérie, pour leur demander d'intervenir d'urgence afin de protéger la vie et la dignité d'Ould El Houcine et des trois autres Marocains portés disparus. L'incident tragique qui vient de se produire n'est pas le seul en son genre. Bien d'autres ont été perpétrés sur le sol algérien. Pourquoi les garde-frontières algériens ont la gâchette facile ? Ces incidents qui se répètent quasi-quotidiennement sur le sol algérien sont la preuve que le régime du président Bouteflika veut maintenir l'état de siège autour des familles marocaines séquestrées. D'où la nécessité, voire l'urgence, d'une intervention auprès de l'Etat algérien notamment pour desserrer l'étau qui se referme de plus en plus autour de nos familles restées à Tindouf. L'incident dramatique qui s'est produit mercredi dernier prouve l'implication de l'Algérie, voire sa compromission effective avec la direction répressive du Front Polisario. A votre avis, qu'est-ce qui explique ces tentatives répétitives pour le retour au Maroc ? Il y a d'abord la détérioration calamiteuse des conditions de vie dans les camps de Tindouf, laquelle résulte du détournement des aides humanitaires par les dirigeants du Polisario. Il y a également l'attrait qu'exerce de plus en plus le Maroc qui a connu ces dernières années une réelle ouverture, ajouté à l'idée pionnière et courageuse de SM le Roi Mohammed VI incarnée par le projet d'octroyer aux provinces du sud une autonomie élargie, dans le cadre de la souveraineté du Royaume. Pourquoi l'ONU n'intervient pas pour imposer le droit de retour ? L'ONU a pris l'initiative de faciliter l'échange de visites entre les familles sahraouies marocaines, mais cela ne rentre pas dans le cadre du «droit de retour» prôné par la Charte de cette organisation. L'ONU est appelée à exercer la pression sur le régime du président Bouteflika pour le forcer à lever l'embargo dont sont victimes les Sahraouis marocains détenus sur le sol algérien.